Le Conseil des ministres, réuni ce mercredi, a acté une décision qui redessine le paysage politique gabonais : l’élection présidentielle devant clore la transition sera tenue le 12 avril prochain, avançant ainsi de quatre mois le calendrier initial. Cette annonce, fruit d’un décret préparé par le ministère de l’Intérieur, intervient dans un climat politique où chaque décision semble peser lourdement sur l’avenir du pays.
Une transition au pas de course
Depuis le renversement d’Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a cherché à imprimer un rythme effréné à la transition. L’adoption express du nouveau Code électoral le 20 janvier dernier en est un exemple frappant. Désormais, ce texte permet notamment aux militaires et magistrats de briguer des mandats électifs, une disposition qui, au-delà de la modernisation apparente, suscite des interrogations sur sa réelle finalité.
En avançant la présidentielle, les autorités de la transition semblent vouloir prendre de court leurs détracteurs tout en consolidant les acquis du régime. Cependant, cette précipitation soulève plusieurs questions : pourquoi brusquer le calendrier initial ? Pourquoi ne pas laisser aux forces politiques le temps nécessaire pour se structurer et aux citoyens celui de s’approprier les réformes ?
Une candidature qui ne fait plus mystère
Les partisans du général-président sont à l’offensive depuis plusieurs jours, appelant ouvertement à sa candidature. La modification législative introduite dans le Code électoral confirme cette intention. Officiellement silencieux, Brice Clotaire Oligui Nguema semble laisser le doute planer, mais les signaux sont clairs : tout converge vers une présidentielle où il sera l’acteur principal.
Une opposition mise à l’épreuve
Face à cette accélération, l’opposition se retrouve dans une position délicate. Avec moins de trois mois pour s’organiser, elle devra répondre à un double défi : proposer des alternatives crédibles et rallier une population qui reste encore marquée par les dysfonctionnements du passé. Cependant, le déséquilibre des forces est manifeste. Entre les ressources institutionnelles mobilisées par le camp présidentiel et l’absence de contrepoids politique structuré, les cartes semblent déjà biaisées.
Analyse : un pari risqué
Si cette décision peut être perçue comme une démonstration d’autorité et de contrôle, elle n’est pas sans risque. En avançant l’échéance, le pouvoir s’expose à plusieurs écueils : des tensions politiques exacerbées, une contestation populaire en cas de résultats controversés, et une légitimité remise en cause sur la scène internationale.
Le général Oligui Nguema joue une partie dangereuse. Si la présidentielle d’avril tourne à l’avantage de son camp dans des conditions jugées douteuses, elle pourrait devenir un catalyseur de mécontentement au lieu de consolider sa position. En revanche, une élection crédible et inclusive pourrait faire taire les critiques et renforcer l’image d’un dirigeant ayant su respecter ses engagements de transition.
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