Le 23 novembre 2024, un événement sportif d'ampleur a marqué le début d'une nouvelle ère pour le football gabonais. La première journée du "National Football", une compétition nationale qui s'était fait attendre pendant plus de cinq ans, a officiellement été lancée sous le regard scrutateur du président de la transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, au stade de Sibang, dans le 6e arrondissement de Libreville. L'excitation était palpable, mais cette reprise était-elle réellement la promesse d'un renouveau pour le football gabonais, ou simplement un coup médiatique de plus dans un système déjà affaibli par des années de négligence?
Le football gabonais a connu une période de stagnation sans précédent ces dernières années. Après des décennies de gestion chaotique et de faux départs, la Ligue Nationale de Football (Linaf) avait réussi à paralyser toute forme de compétition nationale. Les clubs de la D1, D2 et D3 se sont retrouvés dans une situation de quasi-chômage technique, faute de financements et d’organisation. Les stades, qui avaient autrefois vibré au rythme des matchs, étaient désormais désertés. Le spectateur s'était évaporé, et avec lui, l’intérêt des sponsors. Dans ce contexte, il est difficile d'imaginer qu'une simple "reprise" puisse redonner un élan au football national.
L'ironie de la situation? Les rares compétitions qui ont été tentées ces dernières années étaient tellement désorganisées qu'elles ressemblaient davantage à des campagnes de relations publiques qu’à des événements sportifs sérieux. Les championnats étaient souvent annulés en cours de saison à cause de problèmes financiers, et les joueurs se retrouvaient à jouer pour des promesses non tenues. Aucune stabilité, aucune vision à long terme, et un sentiment général d’amateurisme. Cela ne pouvait bien sûr qu’avoir un impact direct sur la compétitivité de l’équipe nationale, les "Panthères", qui, de tournoi en tournoi, sont devenues un symbole de cette inefficacité.
Le Général Oligui : Un Sauveur ou un Mirage?
Le coup d'envoi du "National Football" a été donné sous les auspices du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a fait une apparition remarquée au stade de Sibang. Un geste symbolique fort, à première vue. Mais la vraie question demeure : ce coup d’envoi marque-t-il un véritable tournant, ou est-ce simplement un autre spectacle qui dissimule des problèmes structurels plus profonds ?
Le Général Oligui Nguema, arrivé au pouvoir après la chute d’Ali Bongo, a pris des mesures pour redynamiser plusieurs secteurs du pays, mais peut-il réellement redresser le football gabonais avec un simple geste symbolique ? La reprise du championnat national ne peut se faire sans une refonte complète du système. Une véritable réforme structurelle s'impose, de la formation des jeunes talents à la gestion des clubs, en passant par la mise en place d’infrastructures modernes et la création d’un véritable modèle économique pour le football national. C'est ce à quoi la population gabonaise est en droit de s'attendre si elle veut que cette reprise ne soit pas un feu de paille.
Le Retour des Clubs : Entre Enthousiasme et Désillusions
Ce "National Football" pourrait-il vraiment être le grand retour du football gabonais sur la scène continentale? Ou bien s'agit-il d'une tentative avortée de redonner une illusion de compétitivité, sans le soutien structurel nécessaire? La question reste en suspens. Bien que le lancement ait été marqué par un enthousiasme palpable, de nombreux observateurs avertis restent sceptiques. Le football, comme tout autre secteur, nécessite un financement conséquent et une planification rigoureuse pour garantir une saison complète. Le passé récent nous montre que les budgets alloués aux compétitions nationales étaient loin d’être suffisants pour garantir la régularité des matchs, sans parler de la rémunération des joueurs et du financement des clubs. Dans cette optique, la question reste : qui, à part le gouvernement, va réellement investir dans un championnat qui manque de stabilité et de crédibilité?
À ce jour, la crainte la plus grande des observateurs est que les clubs se retrouvent à nouveau à court de ressources avant la fin de la saison, et que ce retour du football gabonais ne soit qu’un nouvel épisode de "début sans fin". Les fédérations et les clubs devront également faire face à la question de la qualité des infrastructures, de la formation des jeunes talents et du manque d’un véritable réseau de scoutisme capable de nourrir l’équipe nationale en joueurs compétitifs.
Au-delà du Football : Diversifier pour Devenir Compétitif
L’autre défi majeur pour le Gabon réside dans la diversification de ses investissements sportifs. Si le football est bien entendu au cœur des préoccupations, d'autres disciplines sportives doivent également bénéficier d’une attention particulière. Un pays qui souhaite véritablement se faire un nom sur la scène internationale ne peut se contenter d’un seul sport, aussi populaire soit-il. Le basket-ball, le handball, l’athlétisme, et même des sports moins médiatisés comme le rugby ou le volleyball, doivent être soutenus pour offrir une alternative aux jeunes talents. Il en va de la compétitivité globale du pays, ainsi que de la possibilité de créer une véritable culture sportive.
En ce sens, la reprise du "National Football" pourrait, en théorie, constituer un point de départ pour un projet plus vaste, intégrant toutes les disciplines et non se limitant à une simple compétition footballistique. Pour que le Gabon devienne une nation véritablement compétitive, il doit impérativement revoir sa politique sportive dans son ensemble, en investissant dans la formation, les infrastructures et le soutien à tous les sports.
Alors, faut-il vraiment espérer que ce "National Football" sera le tournant du football gabonais ? Il est difficile de répondre avec certitude. Certes, la reprise est un premier pas, mais elle ne doit pas être perçue comme une fin en soi. Le Gabon a besoin d'une vision claire et à long terme pour son sport, et particulièrement pour son football. Cela passe par une réforme en profondeur, des investissements conséquents et une organisation sans faille. Sans cela, le football gabonais continuera à errer, comme il l’a fait ces dernières années, entre faux départs et promesses non tenues.
Le football gabonais est de retour, mais la question est de savoir si cette reprise sera réellement le début d’une renaissance ou simplement une nouvelle illusion. Si le gouvernement et les acteurs du sport national ne mettent pas en place les structures nécessaires, la compétition risque de se retrouver, encore une fois, dans une impasse. Ce qui est certain, c'est que le temps des demi-mesures est révolu. Le football gabonais doit maintenant montrer qu'il peut vraiment aller au-delà des apparences et se construire un avenir solide, sur et en dehors des terrains.
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