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Audience entre Oligui Nguema et Mgr Javier Herrera Corona : la construction de l’université catholique au Gabon à l’ordre du jour

IMG La rencontre entre les deux personnalités.

Le 6 janvier 2025, le Président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, a reçu en audience Mgr Javier Herrera Corona, Nonce apostolique pour le Congo et le Gabon. Une rencontre empreinte de solennité, mais aussi d’objectifs stratégiques, notamment avec l’annonce d’un projet d’envergure : la construction d’une université catholique au Gabon. Une initiative ambitieuse, certes, mais qui, face au contexte socio-économique du pays, invite à une analyse critique bien nécessaire.

 

Des ambitions célestes dans une réalité terrestre

Une « université d’excellence » dédiée à la formation des élites nationales et régionales : voilà l’objectif affiché. Louable en apparence, ce projet soulève cependant une question centrale : le Gabon est-il prêt pour un tel pari éducatif alors que son système actuel peine à répondre aux besoins les plus élémentaires ?

Les universités publiques, confrontées à des infrastructures délabrées, des grèves récurrentes et un manque criant de ressources, sont loin de remplir leur mission. Et voilà que l’on parle d’un nouvel établissement aux standards internationaux, porté par une institution religieuse. Faut-il y voir un réel engagement pour l’éducation ou une opération de communication bien calculée ?

 

Un projet en quête de réalisme

Si l’intention du Vatican de contribuer au développement éducatif est indéniable, l’absence de précisions sur le financement et la gouvernance de ce projet laisse perplexe. Qui paiera la facture ? Le Saint-Siège, généreusement ? L’État gabonais, déjà surchargé ? Ou bien les futurs étudiants, dans un pays où le coût de l’éducation devient un luxe ?

 

Et que dire de l’accessibilité de cette université ? Sera-t-elle une véritable opportunité pour les jeunes issus de milieux modestes ou simplement un cercle fermé réservé à une élite déjà favorisée ? Ce projet, présenté comme une réponse aux défis éducatifs, risque de creuser davantage les inégalités si ces questions ne sont pas abordées en amont.

 

Une diversion politique bien orchestrée ?

Dans un contexte de transition politique, l’annonce de ce projet tombe à point nommé. Une initiative ambitieuse qui détourne l’attention des problèmes urgents : chômage endémique, pauvreté croissante, crise du système éducatif public. Certains observateurs y voient une manœuvre habile pour occuper l’opinion publique avec des promesses lointaines plutôt qu’avec des actions concrètes et immédiates.

 

D’autant plus que les liens historiques entre le Saint-Siège et le Gabon ne sont pas exempts d’intérêts mutuels. Le Vatican y gagne une influence stratégique accrue, tandis que le gouvernement de transition trouve une opportunité de légitimer son action par une alliance spirituelle et diplomatique.

 

L’éducation est sans aucun doute une priorité nationale, mais elle ne saurait être traitée avec des annonces spectaculaires sans ancrage dans la réalité. Une université catholique, aussi prestigieuse soit-elle, ne pourra à elle seule résoudre les lacunes systémiques du secteur éducatif. Pire, elle pourrait devenir un symbole d’inégalités si elle n’est pas accompagnée de réformes structurelles et d’une gestion transparente.

 

Une promesse fragile

Pour que ce projet ne devienne pas un mirage, il devra être soutenu par des actes concrets : un financement clair, une gouvernance inclusive et une politique éducative cohérente. Sinon, il risque de rejoindre la longue liste des promesses non tenues qui jalonnent l’histoire récente du Gabon.

 

Le Vatican peut apporter sa contribution, mais la clé du succès repose sur la capacité du gouvernement à placer les besoins réels des Gabonais au cœur de ses priorités. Car l’excellence, tout comme la foi, ne suffit pas sans un solide ancrage dans la réalité.

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