Longtemps, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) s’est targué d’être un « parti de masse », un colosse politique indétrônable, où l’unité et la discipline faisaient loi. Mais ça, c’était avant. Depuis sa chute du pouvoir en août 2023, il a troqué son image d’ogre électoral contre celle d’un ring de catch où chaque ancien dignitaire veut devenir le champion incontesté. Hier encore tout-puissant, le PDG découvre aujourd’hui la dure réalité du multipartisme… au sein même de ses rangs ! Bienvenue dans la guerre des héritiers, saison 1, épisode 1 : "Qui veut tuer le PDG ?"
Le 13ᵉ congrès extraordinaire du parti, censé être un moment de refondation, s’est transformé en une véritable foire d’empoigne. Blaise Louembe, catapulté président du parti, pensait sans doute savourer tranquillement son ascension. Malheureusement pour lui, au PDG, la loyauté dure aussi longtemps qu’un ticket de caisse. Quelques heures seulement après son élection, une faction dissidente s’est levée, criant au hold-up et annonçant la création d’un Directoire Provisoire de Redressement.
Traduction : les recalés du congrès ont décidé de faire leur propre congrès, avec leurs propres chefs et leur propre vérité historique. Ali Akbar Onanga Y’Obegue et ses camarades, vexés d’avoir été évincés, se posent en résistants et dénoncent une « prise de pouvoir illégale ». Ironie du sort, ceux qui, hier, excellaient dans l’art du verrouillage des candidatures et des exclusions disciplinaires découvrent aujourd’hui les joies du coup d’État interne. Comme quoi, le karma politique a parfois le sens de l’humour.
PDG : de "Parti de masse" à "Parti des morceaux"
Le PDG, jadis monolithique, ressemble désormais à un puzzle dont les pièces refusent de s’assembler. Et pourtant, l’histoire récente aurait dû leur servir de leçon. Au Gabon, tous les grands partis finissent en kit : L’UPG de Pierre Mamboundou s’est émietté après sa disparition, chacun se proclamant l’unique héritier du défunt leader. L’Union Nationale (UN), censée être le fer de lance de l’opposition, s’est morcelée dès que la question du leadership s’est posée. Le RNB Paul Mba Abessolo, autrefois prometteur, a fini en cendres, chaque cadre préférant créer son propre micro-parti. Pourquoi le PDG aurait-il échappé à cette loi de la jungle politique ? Après avoir régné sans partage, il goûte aujourd’hui aux délices de l’anarchie. Ce n’est plus un parti, c’est une auberge espagnole où chacun amène sa faction, son discours et son rêve de présidence.
Un avenir radieux… pour les faiseurs de logos
Si cette crise continue, le Gabon pourrait bientôt voir fleurir une multiplication des PDG : Le PDG "historique", qui revendiquera la fidélité aux valeurs du parti, le PDG "réformiste", qui prônera une modernisation (entendez : un changement de nom et une nouvelle couleur de pagne), le PDG "légitime", où chaque faction criera "c’est nous les vrais",
Le PDG "d’outre-tombe", où les nostalgiques du système Bongo regretteront le bon vieux temps. Et pourquoi pas, dans quelques années, un PDG-Renaissance, un PDG-Dynamique, voire un PDG-Sauveur, chacun avec son logo et sa devise ?
Le PDG, victime de son propre ADN
Au fond, cette implosion était inscrite dans l’ADN du parti. Pendant des décennies, le PDG a fonctionné comme une machine à fabriquer des barons, avec des rangs bien hiérarchisés et des ambitions soigneusement muselées. Aujourd’hui, avec l’absence d’un chef unique et la fin de la distribution automatique de postes ministériels, les masques tombent.
Le PDG, autrefois perçu comme un bloc homogène, se révèle être une coalition d’intérêts personnels, où chaque éléphant veut être le seul à boire à la mare. Maintenant que la source s’est tarie, la guerre de succession fait rage. Une seule question demeure : qui finira par enterrer qui ? Le spectacle ne fait que commencer.
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