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Politique

Les gabonais prompts à marcher pour la candidature d’Oligui Nguema, mais absents dans les combats sociaux !

IMG La marche organisée dans la ville de Tchibanga.

Le week-end dernier, le Gabon s’est offert un spectacle d’unité nationale d’une rare intensité. Dans les neuf provinces du pays, des foules enthousiastes se sont levées comme un seul homme pour répondre à un appel urgent : convaincre le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, Chef de la Transition, de se présenter aux prochaines élections. Dans une synchronisation quasi-parfaite, les banderoles, les slogans et les tee-shirts fraîchement imprimés ont envahi les rues. Une organisation si méticuleuse qu’elle ferait pâlir d’envie les syndicats qui, eux, peinent à réunir dix manifestants pour dénoncer les coupures d’eau et d’électricité ou le chômage endémique.

 

Ironie du sort, ces marches en l’honneur d’un homme qui n’a encore rien annoncé sont une réussite totale, pendant que les priorités sociales semblent reléguées aux oubliettes. Après tout, pourquoi s’épuiser à organiser des manifestations contre la flambée des prix, le délabrement des écoles publiques, ou les grèves répétées qui paralysent le pays ? À quoi bon dénoncer la précarité quand on peut chanter les louanges d’un leader qui, de toute évidence, n’a même pas demandé autant de zèle ?

 

Les Gabonais, semble-t-il, ont une passion particulière pour l’exercice de la mobilisation... sélective. L’eau ne coule plus dans les robinets ? "C’est Dieu qui donne." L’électricité fait défaut en pleine saison des pluies ? "On s’adapte." Les hôpitaux manquent de médicaments essentiels ? "Ce sont les réalités africaines." Mais quand il s’agit de crier « Oligui candidat ! », les drapeaux sont levés, et les pancartes surgissent comme par magie.

 

Il faut reconnaître un certain génie à ces organisateurs, qui semblent avoir découvert une formule secrète : transformer la frustration d’un peuple en adulation politique. Avec un brin d’optimisme, on pourrait même espérer que ces talents logistiques soient bientôt mis au service de causes plus... terre-à-terre. Une marche nationale contre la vie chère, par exemple. Ou encore une manifestation pour exiger la fin des délestages de la SEEG. Mais, soyons réalistes : demander un emploi stable ou de l’eau potable, ça manque de glamour, non ?

 

Et que dire du principal intéressé, le Général Oligui Nguema ? Lui qui, jusqu’à présent, a su maintenir un semblant de neutralité dans cette transition, doit probablement regarder ces foules avec un mélange d’amusement et d’embarras. Car soyons honnêtes : un leader en position de force n’a pas besoin de ce genre de mascarade pour prouver sa légitimité.

 

Mais ne soyons pas trop durs. Après tout, comme le disait si bien le Professeur Albert Ondo Ossa : « La médiocrité a cette brillante capacité de se régénérer. » Si cette maxime trouve son écho dans la politique gabonaise, c’est qu’elle est portée par un peuple capable d’oublier ses propres souffrances pour mieux applaudir ses bourreaux.

 

En attendant, les Gabonais devront continuer à jongler entre coupures d’électricité et factures exorbitantes. Mais qu’importe : tant qu’il y a des tee-shirts gratuits et des pancartes colorées, le spectacle pourra toujours continuer. Alors, à quand la marche pour dénoncer la précarité ? Peut-être après une autre tournée de chants et de danses en l’honneur du vide.

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