Au Gabon, les scandales se suivent et se ressemblent, mais celui-ci est une véritable course-poursuite avec les fonds publics. Le projet présidentiel "Un jeune, un permis", censé offrir une chance aux jeunes de décrocher leur permis de conduire, a pris un détour inattendu : une voie sans issue, parsemée de détournements présumés, d’accusations, et d’échanges acerbes entre activistes.
Quand la route de l’emploi mène à l’impasse
Lancé en grande pompe par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, ce projet avait tout pour réussir : former 500 jeunes à la conduite, réduire le chômage, et prouver que les militaires au pouvoir savent mettre les Gabonais sur la bonne voie. Mais six mois après la fin des formations, les bénéficiaires attendent toujours de passer l’examen final. Pendant ce temps, les fonds destinés à ce noble objectif semblent avoir pris une direction bien différente.
La célèbre activiste gabonaise, Princesse de Souba, basée en France, a fait sauter le pot d’échappement en révélant que 17 millions de francs CFA auraient été détournés. Parmi les suspects : deux figures bien connues des réseaux sociaux, Juste Parfait Moubamba, alias Bung Pinz, et Armel Mickala, conseillers autoproclamés des bonnes manœuvres politiques. D’après elle, 10 millions auraient été confiés à l’ancien ministre des Transports, Loïc Moudouma, pour "convaincre" le directeur du centre d’examen de mettre la gomme. Une stratégie qui, manifestement, n’a pas démarré.
"Cabale" ou "cabriole" ? Les accusés ripostent
Les mis en cause, visiblement en mode rallye, ont immédiatement riposté. Bung Pinz, adepte des déclarations martiales, s’est exclamé : « Que ceux qui ont des preuves tangibles avancent. Les autres peuvent rester sur le bas-côté. »
Son complice présumé, Armel Mickala, a préféré adopter une posture plus virile : « Un homme n’est pas une femme. Franck, arrête tes mensonges de jaloux. Nous sommes en route pour un avenir meilleur, alors dégage de la trajectoire. » Mais la vraie question est : ces détournements présumés sont-ils une simple sortie de route ?
Les jeunes laissés en panne
Pendant que les protagonistes s’accusent et se justifient, les jeunes bénéficiaires du projet patientent dans l’incertitude. Eux, qui rêvaient de décrocher leur permis de conduire pour accéder à des opportunités professionnelles, se retrouvent coincés sur le bord de la route, sans explication ni solution. Dans un pays où le chômage des jeunes est une plaie béante, voir un projet aussi prometteur sombrer dans une telle controverse est une tragédie. Pire, c’est une insulte à ces 500 jeunes, sacrifiés sur l’autel des querelles politiques et des appétits financiers.
Le permis de détourner ?
Ce scandale soulève une question cruciale : les projets sociaux sont-ils devenus des prétextes pour enrichir une poignée de privilégiés ? La société civile exige des comptes. Où sont passés les 17 millions ? Les militaires au pouvoir, qui ont promis transparence et justice, sauront-ils redresser la barre ou laisseront-ils ce projet s’écraser comme un véhicule sans freins ? En attendant, le Gabon tout entier est au bord de l’explosion, à l’image d’un moteur surchauffé. Espérons que, pour une fois, ce n’est pas le peuple qui devra payer la facture des réparations.
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