Dans un retournement digne des plus grands paradoxes, l’Agence Gabonaise de Normalisation (AGANOR), censée incarner l’ordre et l’excellence organisationnelle, est aujourd’hui le théâtre d’une crise sociale et organisationnelle sans précédent. Une grève illimitée, annoncée pour le 31 janvier prochain, risque de réduire à néant ce qu’il reste de « normalisé » au sein de cette institution.
Un management hors normes
À l’AGANOR, il semble que le management ait été exporté d’un manuel de dictature d’entreprise. Sanctions arbitraires, critiques incessantes, menaces de licenciement et mépris total pour le dialogue social : voilà le tableau dressé par un personnel à bout de souffle. Si une norme ISO sur la toxicité au travail existait, l’AGANOR décrocherait sans doute une certification.
Selon le personnel, le décor est planté : des bureaux vétustes sans équipements de base, des véhicules de fonction introuvables et des dossiers stagnants faute de réunions du comité de direction. Pendant ce temps, les décisions stratégiques s’empilent dans les tiroirs, comme l’ouverture de nouvelles délégations ou l’application de la grille salariale. Entre désorganisation et immobilisme, les agents naviguent à vue dans un océan d’incertitudes.
Le personnel en mode survie
Sur le plan social, l’absence d’assurance maladie et accidents transforme chaque risque professionnel en potentiel drame. Et pour couronner le tout, des ponctions salariales abusives viennent achever le moral d’un personnel déjà au bord du gouffre. À croire que l’AGANOR teste une nouvelle norme : celle de la souffrance généralisée.
Une Directrice Générale dans l’œil du cyclone
Face à cette situation chaotique, les employés exigent des réformes immédiates et, surtout, le départ de la Directrice Générale. Ils l’accusent de personnifier la désorganisation et le management autoritaire qui gangrènent l’institution. Pourtant, cette dernière reste curieusement silencieuse. Peut-être est-elle occupée à peaufiner un « guide pratique de la crise institutionnelle » ?
La normalisation à l’épreuve du chaos
En attendant, le personnel joue son va-tout. S’appuyant sur les articles 68 et 69 de la loi n°001/2005 du 4 février, ils entendent cesser toute activité dès le 31 janvier après l’observation du préavis. Mais ils se disent ouverts au dialogue, dans l’espoir d’un miracle organisationnel qui sauverait ce navire en perdition.
Vers une norme nationale de crise permanente ?
Avec un tel climat, l’AGANOR pourrait bientôt breveter un nouveau concept : la « norme institutionnelle du chaos ». Reste à savoir si le gouvernement prendra ses responsabilités pour remettre cette agence sur les rails ou si l’AGANOR continuera de s’auto-détruire sous le poids de ses propres dysfonctionnements.
Quoi qu’il en soit, le personnel, lui, a décidé de ne plus « normaliser » l’anormal. Une révolution silencieuse qui, espérons-le, fera enfin bouger les lignes dans une institution qui a depuis trop longtemps perdu sa boussole.
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires