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Economie

Affaire BR Sarl : quand les banques deviennent les complices silencieux de l’opacité

IMG Emmanuel Mve Mba, président du CAPPE.

Le Gabon est de nouveau secoué par une affaire qui illustre, avec une ironie cruelle, les failles béantes de son système bancaire. Le CAPPE (Collectif des Associations pour la Protection des Épargnants) a déposé une plainte explosive contre trois grandes institutions financières UBA Gabon, Ecobank Gabon S.A., et Orabank Gabon S.A. les accusant de complicité dans une vaste fraude orchestrée par BR Sarl. Ce scandale met à nu une gestion laxiste des obligations de vigilance, au détriment des épargnants gabonais.

 

Des banques à la mémoire sélective ?

BR Sarl, une société dont l’existence légale reste un mystère pour l’État gabonais, a pourtant réussi à ouvrir des comptes bancaires dans ces institutions. Pire encore, elle y a fait circuler des milliards de francs CFA sans éveiller le moindre soupçon. Selon Emmanuel Mvé Mba, président du CAPPE, les réponses obtenues des banques après une sommation interpellative en décembre 2022 ont confirmé l’existence de comptes actifs affichant des mouvements financiers pour le moins inhabituels. « Nous avons découvert un solde créditeur d’un milliard de francs CFA sur ces comptes. Mais au lieu d’agir,  les banques semblent s’être contentées de compter les zéros », a-t-il déclaré avec indignation.

 

Ce silence complice est une violation flagrante de l’article 21 du règlement CEMAC sur la prévention du blanchiment de capitaux. Les banques avaient l’obligation légale de déclarer ces opérations suspectes aux autorités compétentes. Mais dans cette affaire, vigilance et responsabilité semblent avoir été reléguées au rang de concepts abstraits.

 

Un système bancaire en perte de crédibilité

 

Le CAPPE ne mâche pas ses mots : « Ces banques ont trahi la confiance des épargnants et bafoué les règles de transparence. Elles ont choisi de devenir des facilitateurs d’un enrichissement illégal. »

 

Cette déclaration soulève une question cruciale : comment ces banques, prétendument régies par des normes strictes, ont-elles pu ignorer les signaux d’alarme aussi flagrants ? Les pratiques de conformité sont-elles de simples formalités administratives ou des outils réellement mis en œuvre pour protéger les clients ?

 

Des milliards de raisons de s’indigner

Pour le CAPPE, l’inaction des banques a eu des conséquences désastreuses pour les épargnants gabonais. Le collectif réclame désormais 49 milliards de francs CFA à titre de dommages et intérêts pour compenser les pertes subies par ses membres. Cette somme faramineuse reflète l’ampleur des préjudices causés et la nécessité de responsabiliser les institutions financières.

 

Une audience décisive est prévue le 14 janvier 2025 au tribunal de commerce de Libreville. Le CAPPE a invité les épargnants lésés à y participer pacifiquement, soulignant l’importance de cette bataille judiciaire.

 

Au-delà de cette affaire, c’est tout le système bancaire gabonais qui est mis sur la sellette. L’incapacité des banques à respecter leurs obligations de vigilance envoie un message dangereux : celui d’un système où l’opacité peut prospérer en toute impunité.

 

Le Gabon, qui aspire à devenir un modèle de bonne gouvernance économique, ne peut se permettre de tels scandales. Il est temps que les banques cessent de jouer à cache-cache avec leurs responsabilités et qu’elles mettent en œuvre les mécanismes nécessaires pour protéger leurs clients. Pour les épargnants gabonais, cette affaire est un rappel brutal : dans un système où les gardiens de la confiance deviennent les complices de la fraude, la vigilance doit d’abord commencer par soi-même.

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