Le 30 décembre 2024 marque une nouvelle étape dans les relations tumultueuses entre la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) et ses partenaires sociaux. Sous l’arbitrage du ministre du Travail et de la Lutte contre le Chômage, Adrien Nguema Mba, un protocole de médiation a été signé, promettant un retour à la sérénité. Mais derrière les sourires convenus et les poignées de main bien photographiées, ce compromis soulève des questions : s’agit-il d’un vrai dialogue ou d’une simple stratégie pour gagner du temps ?
Un protocole, mais pour quels résultats ?
Le protocole de médiation se veut ambitieux, avec des mécanismes de gestion tels qu’une Commission Paritaire Tripartite pour aborder les revendications salariales et un Plan d’accession à la propriété (PAP), ainsi qu’une Commission Technique pour des doléances spécifiques. Cependant, ces outils, déjà vus dans de nombreux conflits sociaux, se heurtent souvent à un problème fondamental : leur efficacité dépend de la volonté réelle des parties à agir.
L’histoire récente des négociations sociales au Gabon nous enseigne que ces commissions, aussi bien intentionnées soient-elles, finissent souvent par devenir des labyrinthes administratifs, où les dossiers s’entassent sans jamais voir le jour.
Un « comité permanent », symbole de bonne foi ou de procrastination ?
L’élément phare de ce protocole reste la création d’un Comité permanent de suivi, placé sous la supervision directe du ministre du Travail. Présenté comme un gage de transparence et d’efficacité, ce comité pourrait tout aussi bien être un outil de diversion. En multipliant les réunions et les consultations, on donne l’illusion de progrès tout en retardant les vraies décisions.
Pourtant, la Comilog ne manque pas de ressources. En tant que pilier de l’économie gabonaise, elle affiche des chiffres de production qui devraient permettre d’améliorer les conditions de ses employés. Mais l’obsession de préserver sa compétitivité internationale semble primer sur le bien-être de sa main-d’œuvre.
Une victoire symbolique pour le ministre, mais à quel prix ?
Adrien Nguema Mba, en obtenant cette signature, renforce son image d’homme de dialogue. Cependant, cette médiation pourrait vite se retourner contre lui si les engagements pris par la Comilog et les syndicats restent lettre morte. Gérer une crise sociale ne se limite pas à désamorcer les tensions à court terme : il s’agit aussi de garantir un suivi rigoureux et des résultats concrets.
Le Gabon, victime collatérale
En toile de fond, c’est toute l’économie gabonaise qui est en jeu. La Comilog est un acteur clé du secteur minier, et ses performances influencent directement les finances publiques. Un climat social apaisé est essentiel pour préserver cette dynamique. Mais si les promesses faites aujourd’hui ne sont pas tenues, les grèves et les tensions risquent de ressurgir, avec un impact encore plus lourd sur la production et la confiance des investisseurs.
En définitive, ce protocole de médiation est un pari risqué. Entre espoir d’apaisement durable et crainte d’une gestion cosmétique, l’avenir de la Comilog reste suspendu à la capacité de ses dirigeants et des syndicats à dépasser les postures pour des actes concrets. Car dans cette équation, c’est non seulement le personnel qui attend des réponses, mais aussi tout un pays qui espère des actions, et non des palabres.
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