Le Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI) préparerait une annonce sur le départ de la présence militaire française au Gabon. Enfin, un souffle d’indépendance ? Peut-être. Mais avant de ressortir les tambours et les drapeaux, souvenons-nous que l’histoire gabono-française ressemble plus à un mariage forcé qu’à une union libre. Et comme tout couple mal assorti, les ruptures sont rarement propres.
Une indépendance sous surveillance
Depuis 1960, la France a été plus qu’un "partenaire stratégique" : elle est le voisin trop envahissant qui garde un double des clés. La base militaire française de Libreville ? Officiellement un symbole d’amitié. Officieusement, un poste avancé pour surveiller les affaires du quartier… et s’assurer que personne n’y touche sans son aval.
Alors, si le CTRI annonce un départ prochain des soldats français, réjouissons-nous avec modération. Car, comme le dit un vieux sage de Libreville, "Quand le lion quitte la savane, il laisse toujours des traces."
Le Franc CFA : l’ami indésirable qui reste
Même si l’armée française plie bagage, le vrai colonisateur, lui, ne bouge pas : le Franc CFA. Cette monnaie, vestige colonial par excellence, continue de drainer nos richesses vers Paris, sous le couvert de la stabilité monétaire.
Imaginez un pays qui annonce la liberté de ses terres, tout en laissant son économie enfermée dans un coffre dont la clé est gardée à la Banque de France. C’est un peu comme changer de cadenas mais laisser l’ancien propriétaire garder le code.
Un retrait… ou un redéploiement ?
Les plus optimistes espèrent un véritable départ. Mais soyons réalistes : la France ne laisse jamais une base sans garantie. Et si les soldats partaient pour mieux revenir sous une autre forme ? Après tout, les uniformes changent, mais les intérêts restent. Et ne soyons pas surpris si l’annonce du CTRI s’accompagne de phrases ambiguës comme "restructuration de la coopération militaire" ou "redéploiement stratégique". Comprenez : ils partent sans vraiment partir.
Quand la France choisit nos présidents
Le problème, ce n’est pas seulement les militaires ou le CFA. C’est tout un système d’ingérence soigneusement camouflé derrière des mots comme "partenariat historique" ou "relations bilatérales". De l’élection de nos dirigeants à la signature de nos accords internationaux, Paris a toujours eu son mot à dire.
Alors, si le CTRI veut vraiment libérer le Gabon, il faudra aller plus loin qu’un simple retrait militaire. Réviser les accords coloniaux. Remettre en question l’ensemble des relations asymétriques avec la France. Bref, oser briser le miroir, même si cela signifie affronter le regard désapprobateur de l’ancien maître.
Rupture ou coup de peinture ?
Pour l’instant, les Gabonais attendent. Entre espoir et scepticisme, ils savent qu’une vraie rupture ne se mesure pas aux discours, mais aux actes. Et si demain le CTRI proclame fièrement la fin de la présence militaire française, rappelons-nous cette sage réflexion : "On peut repeindre un baobab en blanc, mais il reste enraciné dans la même terre."
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