Il paraît qu'au Gabon, les affaires pétrolières coulent à flots, mais apparemment, elles n’ont pas qu’une seule destination : entre les réservoirs des voitures et… les caisses de campagne. Oui, vous avez bien lu. La société Gab'Oil, fleuron de l'industrie pétrolière nationale, se retrouve sous les projecteurs, non pas pour ses ventes de carburant, mais pour ses investissements particulièrement « politiques » dans la préparation du référendum. Et comme si cela ne suffisait pas, ces investissements sont… financés par l'argent des contribuables. Bravo, Gab’Oil, vous avez trouvé une nouvelle manière de faire rouler l'économie.
Le cœur de cette affaire ? Une correspondance discrète mais révélatrice envoyée par Landry Bongo Ondimba, président du conseil d'administration de Gab'Oil et ancien député, au directeur général de l'entreprise, François Owono Messie. Ce dernier a reçu l'ordre pardon, l'invitation de libérer la somme rondelette de 45,8 millions de FCFA pour « préparer » la campagne référendaire et organiser les élections.
Ce n’est pas le montant qui choque ici (enfin, si, un peu quand même), mais plutôt la nature des dépenses. L’argent devrait-il servir à moderniser les infrastructures de distribution de carburant, par exemple ? Non, pas du tout. Il doit financer des frais de représentation à hauteur de 10 millions, des hôtels et hébergements pour 5 millions, et bien sûr, les inévitables T-shirts et casquettes estampillés « Oui à la Transition » pour 7,5 millions. Parce qu’en réalité, rien ne dit « démocratie » comme un t-shirt bien coupé, non ? Sans oublier les causeries, pour lesquelles 2 millions sont également alloués. Ah, les causeries… Ces rassemblements informels, qui ont probablement vu leurs audiences exploser grâce à la distribution de goodies.
Et ce n’est pas tout : selon des sources internes, l’argent aurait déjà quitté les comptes de Gab'Oil. Le paiement des « dépenses électorales » serait déjà fait, tout cela sous la houlette d’un administrateur général qui semble avoir oublié de faire la distinction entre les missions d'une société pétrolière et celles d'un parti politique.
Bien entendu, cette affaire suscite des réactions indignées dans la capitale. Les gabonais, accoutumés aux scandales financiers depuis des décennies, ont peut-être l’habitude des pratiques douteuses, mais ce coup-ci, il y a quelque chose qui cloche. Le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait pourtant promis de tourner la page des malversations du passé, mais il semblerait que certaines entreprises publiques, comme Gab'Oil, aient pris un malin plaisir à appliquer les anciennes recettes… avec, en prime, une touche de « modernité » : casquettes et T-shirts à l’appui.
Face à cette situation, le ministre de la Justice, gardien de la probité publique, n’a d’autre choix que de se saisir de ce dossier. Le Gabon a besoin de preuves concrètes que la Transition veut vraiment changer les pratiques et non simplement faire un lifting du système. L’affaire Gab’Oil est le test idéal pour mesurer la volonté politique de rompre définitivement avec les méthodes de gestion des Bongo.
Pour le moment, les responsables de Gab'Oil semblent indifférents aux murmures qui montent, et continuent à dépenser sans compter. Mais attention, cette fois, le scandale est trop gros pour être ignoré. La fuite des documents ne fait que commencer à faire des vagues. Qui sait, peut-être que bientôt, Gab’Oil sera renommé « Gab'Oil & Co. », une entreprise pétrolière à vocation… politique. Le « business as usual » n’a jamais été aussi transparent !
Si le ministre de la Justice ne se décide pas à sévir rapidement, ce ne seront plus des T-shirts mais des tribunaux qui risquent de se remplir. Et, comme le dit l’adage : "Quand le pétrole coule, les t-shirts arrivent toujours en premier."
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