Il semblerait que la prison centrale de Libreville abrite des personnalités de haut vol, ou du moins des personnalités de la plus haute facture, celles qui ont gouverné le Gabon pendant des années, avant de se retrouver à croupir dans ses murs. Mais ne vous y trompez pas, leur incarcération n’est pas de tout repos. En effet, Sylvia Bongo Ondimba, ex-première dame, et son fils Noureddin Bongo Valentin, ancien coordonnateur des Affaires présidentielles, ne semblent pas bénéficier d’un traitement de faveur. Non, au contraire, ils seraient dans un état de santé “alarmant”.
Le couple Bongo aurait-il oublié que, comme tout bon citoyen gabonais, il est censé bénéficier des services médicaux de la prison ? Apparemment, les services en question sont aussi inexistants que le respect des droits humains dans une dictature bananière. Sylvia Bongo, la grande ex-première dame, souffrirait de crampes musculaires et de troubles de la mémoire. Voilà une combinaison qui pourrait déstabiliser même les plus aguerris. Mais ce n'est pas tout. On évoque également son hypothyroïdie non traitée, une affection qui peut entraîner des conséquences dramatiques comme des crises cardiaques sans parler de l'agonie morale de devoir se souvenir que son mari, Ali Bongo, est toujours au pouvoir malgré ses absences prolongées sur la scène internationale.
Pour Noureddin, le fils prodige de l'ex-président, la situation n’est guère plus reluisante. Des “coups et blessures volontaires” auraient eu raison de son tympan. Un incident apparemment mineur comparé aux tortures psychologiques qu’il doit subir. Après tout, ce ne sont que des tympans, et dans la politique gabonaise, tout le monde sait que l’audition est facultative si l’on vous a déjà assigné à résidence.
Un “soin de luxe” pour ceux qui peuvent se le permettre
Mais, me direz-vous, la famille Bongo bénéficie peut-être d’un traitement spécial en prison, n’est-ce pas ? Après tout, on pourrait imaginer que, vu leur ancien statut, Sylvia et Noureddin aient droit à des soins médicaux de qualité, un peu comme des "prisonniers VIP". Eh bien non. Si l’on en croit les informations qui circulent, le duo Bongo n'a pas vu la moindre intervention médicale digne de ce nom depuis plus d’un an. Leur avocat, sur le ton de l’indignation, s’en est plaint à plusieurs reprises : "Le droit à la santé est constitutionnel !", mais cela semble plus une formalité qu’une priorité pour les autorités. Après tout, s’ils étaient vraiment si mal en point, leur médecin traitant – le Dr Nzenzé, militaire de son état – aurait au moins eu l’amabilité de leur rendre visite. Mais, oh surprise, il n’a pas daigné poser le pied à la prison depuis leur arrestation.
Donc, pendant que les prisons gabonaises se transforment en hôpitaux pour certains – à savoir les membres du régime, ou du moins ceux qui peuvent se permettre un avion privé et un hôpital de la Côte d'Azur – les Bongo doivent se contenter de soins de "rattrapage", s’ils en bénéficient un jour. Une situation qui ne manquera pas de faire rire (jaune) certains observateurs : ceux qui, comme les avocats des Bongo, rappellent que "les droits à la santé ne s'arrêtent pas aux murs de la prison".
La route de la dignité… jusqu’à Banjul
Dans un élan de lucidité, les avocats des deux prisonniers ont décidé de porter l’affaire devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, basée à Banjul, en Gambie. Une action qui ressemble à une belle tentative de faire entendre la voix du Gabon face aux grands forums internationaux. Le gouvernement gabonais, malgré son respect apparent pour les conventions internationales, semble plus intéressé par le maintien de son statu quo politique que par l’amélioration des conditions de détention de ses opposants. Une question se pose donc : combien de rapports de plus faut-il rédiger avant que la communauté internationale ne décide enfin de lever le petit doigt ?
Des proches sous pression, des autorités dans le silence
Pendant ce temps, les proches de Sylvia et de Noureddin Bongo à commencer par Ali Bongo lui-même observent l’aggravation de la situation avec inquiétude, mais sans pouvoir réellement agir. Leurs appels désespérés à un traitement digne et à une libération conditionnelle n’ont fait que rebondir dans l’indifférence totale des autorités gabonaises. Après tout, pourquoi s’embêter avec des détails comme la santé de l'ancienne Première Dame et de son fils, quand le pays a des affaires beaucoup plus urgentes à régler.
L’affaire Bongo en prison semble être le parfait reflet de la situation du Gabon : une classe dirigeante qui a passé des décennies à se gaver et à fermer les yeux sur la souffrance des autres, pour se retrouver, paradoxalement, dans la position du délaissé. La prison est, après tout, un endroit où tout le monde est égal, mais où certains savent mieux que d’autres comment se faire oublier.
Il ne reste plus qu'à espérer qu'une intervention de l'extérieur, ou un élan de conscience humaine, permettra de briser ce cycle de négligence et de souffrance. Mais à voir comment l'État gabonais gère le dossier, les chances de changement semblent aussi minces que la mémoire de Sylvia Bongo, à moins qu’elle ne soit, comme pour beaucoup d’autres, un simple oubli stratégique.
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