Un marché aux souvenirs : À quelques pas du plus grand marché de Libreville, se dresse une maison que tout Gabonais aurait pu croire intouchable. Non, il ne s’agit pas d’une simple bâtisse, mais de la résidence du premier président du Gabon, Léon Mba. Cette demeure historique, symbole de notre indépendance, se retrouve aujourd’hui dans les pages des petites annonces, prête à changer de mains comme un vulgaire lot en promotion. Et pour l’acquérir ? 325 millions de francs CFA suffiraient à effacer une part de notre mémoire nationale.
Quand la saga familiale prend des airs de télé-novela
Selon la rumeur, la transaction a été orchestrée par Théophile, l’un des petits-fils de l’ancien président, qui, sans doute dans un élan d’« esprit d’entreprise », a décidé de vendre la maison au plus offrant, en l’occurrence un acheteur libanais. Pour certains membres de la famille, cette décision relève de l’hérésie pure et simple. Ils dénoncent un « complot de cupidité » et un « affront aux valeurs familiales », assurant que la maison de leur illustre ancêtre ne devrait pas être mise en solde, pas plus qu’une babiole sur l’étal d’un marché.
Dans cette saga digne d’un feuilleton, chaque protagoniste y va de son avis. Les uns brandissent le testament d’Agnès, la veuve de Léon Mba, qui aurait réparti les terres entre les descendants pour éviter précisément ce genre de débordements. D’autres, comme Théophile, semblent penser que « l’important, c’est de ne pas rester dans le passé ». Après tout, pourquoi garder des souvenirs quand on peut les vendre ?
Le Gabon à vendre : nouveaux tarifs pour un patrimoine en pièces détachées : Il semblerait que le concept de patrimoine soit devenu quelque peu flexible au Gabon. Après tout, qui a besoin de musées quand on peut convertir des résidences historiques en immeubles commerciaux ou en entrepôts ? Avec un peu de chance, un jour, chaque Gabonais pourra posséder un petit bout de l’histoire : une brique de la résidence de Léon Mba pour la modique somme de 1 000 francs CFA, un fragment de plancher pour 500.
Ce n’est qu’une question de temps avant qu’une agence immobilière n'invente le « tourisme patrimonial participatif » : « Vous êtes curieux de découvrir l’histoire gabonaise ? Venez la construire vous-même ! »
Pendant que cette vente fait polémique, les institutions restent muettes, les autorités s’étant peut-être momentanément transformées en statues de sel. Le tribunal de première instance de Libreville ne s’est pas encore prononcé, laissant la famille déchirer le patrimoine national à coups de querelles intestines.
Les Gabonais s'interrogent : à quoi sert un ministère de la Culture s’il laisse passer sous silence la vente des vestiges historiques ? Peut-être que la question de la sauvegarde du patrimoine est devenue si abstraite que plus personne n’en voit l’intérêt… jusqu’à ce que le dernier édifice ancien soit remplacé par un centre commercial flambant neuf.
La première pierre d’un business modèle ? Peut-être que cette vente est en réalité un modèle d’affaires en devenir : si Léon Mba est à vendre, pourquoi ne pas offrir d'autres figures historiques à l’encan ? Imaginez : un lot du bureau de l’ancien président pour un hôtel, une aile du palais pour un centre de congrès ! Tout a un prix, après tout. Si l’histoire se monnaie en CFA, alors vive les enchères!
L’art de liquider l’héritage : En fin de compte, cette saga ne pose pas seulement des questions sur une famille en désaccord ; elle invite à réfléchir à la manière dont le Gabon voit et protège son histoire. Si la résidence de Léon Mba peut être vendue comme une simple maison, alors à qui appartient notre mémoire collective ? À ceux qui la chérissent ou à ceux qui la monnayent ? Tandis que la maison se dresse, muette, au cœur de Libreville, il semble que l’histoire du Gabon elle-même soit prête à faire ses adieux, une vente après l’autre.
GABON IMMORTEL . S'il y avait harmonie et l' unité dans la famille. La famille allait gagner plus que et même s'associer avec ce libanais pour l'avancement des affaires au pays. Que Dieu nous garde et nous protège. AMEN
Aniece n'était pas la veuve Léon MBA, mais sa fille aînée et mère de Théophile. Exactement ! Une famille déchirée où certains ne connaissent pas le prix d'une brique mais passent depuis des décennies à brader le patrimoine laissé par le vieux (terrains, maisons...), une honte !
Très bel article.
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