Ce dimanche 5 janvier, à 15 heures, le président de la transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, a convoqué le premier Conseil des ministres de l’année 2025. Dans un contexte marqué par des attentes sociales et politiques croissantes, cette rencontre pourrait bien constituer une épreuve de vérité pour les autorités de transition.
Une transition en quête de crédibilité
Depuis la promulgation de la nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 16 novembre 2024, les espoirs d’un renouveau démocratique se heurtent à une réalité complexe. Si ce texte fondamental est perçu comme une avancée juridique majeure, sa mise en œuvre reste limitée par des lenteurs administratives et un déficit de communication.
Les réformes électorales, censées baliser le chemin vers des élections inclusives et transparentes, n’échappent pas à cette critique. Le ministère de l’Intérieur, sous la direction d’Hermann Immongault, a entamé la révision du Code électoral le 2 janvier 2025. Pourtant, l’absence de concertation élargie avec la société civile et les acteurs politiques alimente un climat de suspicion. Les citoyens, échaudés par des décennies de promesses non tenues, attendent des actes concrets, et non de simples déclarations d’intention.
Une latitude élargie, mais sous condition
Avec l’habilitation législative accordée par les deux chambres du Parlement de transition, le gouvernement dispose désormais du pouvoir de légiférer par ordonnances durant l’intersaison parlementaire. Bien que cet outil permette une accélération des réformes, il soulève également des inquiétudes sur les risques de dérives autoritaires et d’opacité.
La question de la transparence devient alors centrale. Comment garantir que les décisions prises par ordonnances répondent réellement aux attentes des citoyens et non à des logiques technocratiques ou partisanes ? L’absence de mécanismes clairs de suivi et d’évaluation pourrait transformer cet avantage institutionnel en une arme à double tranchant.
Une gestion au carrefour des attentes nationales et internationales
Alors que 2025 est placée sous le signe de la sortie de transition, le premier Conseil des ministres de l’année constitue un test décisif pour le gouvernement. L’efficacité de ses actions ne sera pas seulement mesurée par la population gabonaise, mais également scrutée par les partenaires internationaux.
Les défis sont immenses : révision crédible des listes électorales, publication d’un calendrier électoral réaliste, renforcement des institutions de la transition et lutte visible contre la corruption. Chaque retard ou chaque zone d’ombre dans ces domaines risque d’affaiblir la légitimité du processus.
Pourtant, ce Conseil des ministres pourrait aussi être l’occasion de redresser la barre. Présenter une feuille de route claire, accompagnée d’échéances précises et de garanties institutionnelles, serait un premier pas pour restaurer la confiance. Mais cela ne suffira pas. Une volonté politique forte, traduite par des actions concrètes et audacieuses, est désormais indispensable.
Un point de bascule pour la transition
L’histoire récente du Gabon enseigne que les transitions politiques, si elles ne sont pas rigoureusement conduites, peuvent devenir des cycles de promesses sans lendemain. En convoquant ce Conseil des ministres, le président de la transition et son gouvernement se trouvent à la croisée des chemins : répondre aux aspirations profondes d’un peuple lassé des discours ou reproduire les travers d’une gouvernance opaque.
La sortie de transition ne se décrète pas, elle se construit. Et cette construction passe par des décisions claires, inclusives et tournées vers l’intérêt général. Les prochains mois diront si ce Conseil des ministres aura été le point de départ d’une véritable rupture ou l’énième mise en scène d’une politique en sursis.
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