C’est avec un mélange d’étonnement feint et de résignation habituelle que les habitants du Woleu-Ntem ont accueilli la visite présidentielle sur le site de Radio 9 Oyem, ce 2 janvier 2024. Inaugurée avec faste le 15 mars 1983 par feu le Président Omar Bongo Ondimba, cette station était autrefois présentée comme un bijou de modernité destiné à illuminer l’actualité régionale et nationale. Quarante ans plus tard, l’éclat de ce fleuron médiatique s’est transformé en une tristesse chronique, à l’image de ses murs fissurés et de son matériel vétuste, digne d’un musée des horreurs radiophoniques.
En parcourant les allées dénudées de ce qui fut un jour un temple de l’information, le Président de la Transition, S. E. Brice Clotaire Oligui Nguema, a découvert une scène digne d’un documentaire post-apocalyptique : des consoles des années 80 agonisant sous une couche épaisse de poussière, des studios transformés en pigeonniers improvisés, et un personnel aussi invisible qu’un bulletin météo fiable.
« C’est une honte nationale », aurait murmuré un conseiller en esquissant une grimace empreinte d’embarras. Et pour cause, cette station, autrefois symbole de prestige, semble avoir été condamnée à l’oubli collectif. Pendant quatre décennies, l’usure du temps et l’indifférence des gouvernements successifs ont patiemment travaillé à détruire les promesses d’Omar Bongo, qui voyait en Radio 9 Oyem un outil de développement régional.
Mais il n’est jamais trop tard pour redorer le blason d’une icône. S’armant de détermination, le Président Oligui Nguema a donné des instructions fermes pour une réhabilitation complète. Toutefois, les sceptiques se demandent si ces promesses ne finiront pas elles aussi ensevelies sous les décombres de la procrastination administrative, qui, au Gabon, rivalise aisément avec les lois naturelles de l’entropie.
L’histoire de Radio 9 Oyem est, hélas, une parabole de bien des infrastructures publiques : inaugurées dans l’euphorie, mais abandonnées dans l’indifférence. Espérons que cette nouvelle impulsion permettra à cette radio emblématique de renaître, non seulement pour raconter son passé glorieux, mais aussi pour écrire une nouvelle page dans l’histoire médiatique du pays.
En attendant, les habitants d’Oyem pourront toujours se consoler en écoutant les chants des oiseaux qui ont élu domicile dans les studios désertés. Après tout, même la nature sait occuper les espaces que l’homme néglige.
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