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L’ affaire Opiangah : un procès qui amuse autant qu’il déroute

IMG Elisabeth Opiangah Mengue, la fille supposément victime, clame l'innocence de HPO.

Au Gabon, les affaires judiciaires prennent souvent des allures de spectacle, mais l’affaire Hervé Patrick Opiangah semble repousser les limites du genre. Entre accusations graves, démentis spectaculaires et une cavale digne des meilleurs polars, ce feuilleton judiciaire soulève des questions bien plus profondes sur l’état de notre système judiciaire et médiatique.

 

Le procureur de la République accuse Hervé Patrick Opiangah, ex-ministre des Mines et homme d’affaires influent, de viol, inceste et séquestration. Des accusations lourdes, suffisantes pour bouleverser une opinion publique déjà habituée aux scandales à répétition. Mais, dans une pirouette inattendue, Elisabeth Opiangah Mengue, la fille supposément victime, monte au créneau pour clamer que tout cela relève de la pure fiction.

 

« Il n’y a ni délit, ni victime », affirme-t-elle, contredisant ouvertement le scénario avancé par le procureur. Ce témoignage pourrait être un coup de théâtre salutaire… si seulement la justice n’était pas en train de se transformer en véritable théâtre, où les faits importent moins que l’effet.

 

La cavale, un art maîtrisé ?

Pendant ce temps, Hervé Patrick Opiangah reste introuvable. Et son absence devient presque un personnage à part entière dans cette affaire. Où est-il ? À l’étranger, profitant de l’inaction de la justice ? Caché au Gabon, protégé par des réseaux influents ? Ou simplement en train de préparer une entrée dramatique digne des plus grands dénouements ?

 

La question est moins de savoir où il se trouve que de comprendre pourquoi l’appareil judiciaire semble incapable de l’appréhender. À croire que la justice gabonaise, lorsqu’elle n’est pas en train de s’autosaborder, aime se perdre dans les méandres de son inefficacité légendaire.

 

Des accusations à géométrie variable

Au cœur de ce scandale, Elisabeth Opiangah Mengue joue un rôle complexe : celui d’une femme présentée comme victime, mais qui se bat pour prouver qu’elle ne l’est pas. Pourtant, ce qui aurait pu être un témoignage fort en faveur de son père ressemble de plus en plus à une tentative désespérée de sauver les apparences d’une famille déjà éclaboussée par le scandale.

 

D’un autre côté, les activistes qu’elle accuse de diffamation, Landry Amiang Washington et Stéphane Zeng, semblent avoir trouvé dans cette affaire un terrain fertile pour nourrir leur propre croisade médiatique. Dans cette cacophonie, la vérité devient une variable ajustable, manipulée au gré des intérêts personnels et politiques.

 

Le système judiciaire : juge ou acteur ?

L’affaire Opiangah est révélatrice d’un mal plus profond. Notre système judiciaire, déjà fragilisé par les influences extérieures et le manque de moyens, semble désormais chercher à captiver plutôt qu’à convaincre. Les procès se gagnent moins dans les prétoires que sur les réseaux sociaux et dans les médias, où chaque camp se bat pour imposer sa version de l’histoire.

 

Et que dire du procureur de la République, qui maintient des accusations alors même que la supposée victime les réfute ? S’agit-il d’une erreur judiciaire en gestation, ou simplement d’un zèle mal orienté ? Dans tous les cas, cette obstination jette une ombre sur la crédibilité de la justice gabonaise.

 

Une vérité noyée dans le spectacle

Ce qui aurait dû être une affaire de justice est devenue un divertissement national. Les accusations, les démentis, les annonces de poursuites en cascade : tout semble calculé pour maintenir l’attention du public, quitte à sacrifier la vérité.

 

Mais à force de transformer les procès en shows, on court un risque bien plus grand : celui de banaliser des questions graves comme la justice, la dignité humaine, et les droits des victimes. Car, au final, ce qui se joue ici dépasse de loin le cas Opiangah. C’est la crédibilité même de nos institutions qui est en jeu. Et pendant que le cirque continue, une seule certitude demeure : dans cette affaire, tout le monde a son rôle. Tout, sauf la vérité.

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