Dès le 1er janvier 2024, un miracle fiscal inédit se produira au Gabon : les églises, mosquées et autres lieux de culte, autrefois sanctifiés par l’exemption d’impôt, devront désormais rendre des comptes, au propre comme au figuré. Une réforme inspirée par le 11ᵉ Acte uniforme de l’OHADA, que certains qualifient déjà de « nouveau testament comptable ».
La foi dans la balance comptable
L’idée est simple : si les fidèles donnent à Dieu, Dieu doit donner au fisc. Désormais, chaque offrande, quête ou dîme devra être soigneusement consignée dans un registre comptable flambant neuf, le SYSCEBNL, conçu spécialement pour traquer les âmes égarées... et les francs CFA non déclarés.
Mais soyons honnêtes, qui aurait cru voir des prêtres et imams jongler avec des livres de comptes ? « Bénissez les recettes, multipliez les déclarations », semble être le nouveau mot d’ordre divin. Certains leaders religieux se disent prêts à relever ce défi, même si, entre nous, on imagine mal un pasteur discuté d’amortissements après son sermon sur l’amour du prochain.
Églises, ONG, associations, projets de développement : tous dans le même panier fiscal. Sauf bien sûr les rares entités bénéficiant encore de « dispositions spécifiques », autrement dit des passe-droits. Les autres devront désormais joindre la copie de leur foi aux justificatifs de leurs dépenses.
Les petites associations locales crient déjà au scandale. « Comment allons-nous embaucher des comptables alors que nous manquons de moyens pour nos projets ? » déplore une présidente d’ONG. Pendant ce temps, les grandes organisations s’organisent. « La transparence est essentielle », affirment-elles, tout en s’assurant que leurs experts en optimisation fiscale sont prêts à l’attaque.
Dieu contre le fisc
La réforme aurait pu passer inaperçue si elle n’avait touché les lieux de culte, ces bastions sacrés autrefois intouchables. Mais voilà : même Dieu n’échappe plus aux impératifs budgétaires. « Le Seigneur pourvoira », diront les optimistes. Mais face à l’administration fiscale, même les miracles pourraient avoir leurs limites.
En attendant, certains fidèles se demandent si leurs contributions iront toujours à des œuvres sociales ou si elles finiront dans les caisses de l’État. La foi vacille, et avec elle, la générosité des donateurs.
Un paradis fiscal ? Pas pour tout le monde
En théorie, cette réforme vise à uniformiser la gestion des EBNL dans les 17 États membres de l’OHADA. En pratique, au Gabon, cela pourrait surtout se traduire par une avalanche de retards administratifs, d’excuses techniques et, bien sûr, de sanctions pour les contrevenants.
Quant à la mise en œuvre, elle semble déjà différée aux calendes grecques. Le système SYSCEBNL, annoncé comme une révolution, n’est pas encore prêt. Les formations pour les entités concernées ? Aux abonnés absents. On pourrait presque croire que l’État espère récupérer plus en pénalités qu’en déclarations volontaires.
Priez pour vos comptes
Ainsi, le Gabon entre dans une ère nouvelle où les églises devront se repentir… fiscalement. Entre la foi et la finance, il faudra choisir. Une chose est sûre : si le paradis est éternel, les obligations fiscales le sont tout autant. Et gare à ceux qui n’auront pas compris : ici-bas, la miséricorde n’est pas une vertu de l’administration.
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