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Gab’Oil : comment transformer une entreprise publique en terrain de jeu pour gourmands financiers

IMG François Owono Messie, veritable auteur de cette machination visant à siphonner les caisses de l’entreprise.

Le feuilleton Gab’Oil, ou quand une entreprise d'État devient le théâtre d'une comédie financière aux proportions scandaleuses, continue de dévoiler ses péripéties. Si, au départ, tout laissait à penser que le président du conseil d’administration, Landry Bongo Ondimba, était la tête pensante du décaissement de plus de 45 millions de FCFA pour une campagne référendaire déjà lancée, les derniers rebondissements révèlent une réalité bien plus rocambolesque. La véritable vedette de cette farce financière serait, selon plusieurs sources, François Owono Messie, l’Administrateur directeur général de Gab’Oil. À en croire les derniers développements, ce dernier serait l'architecte d'une machination visant à siphonner les caisses de l’entreprise, avec un flair digne d’un chef de cartel.

 

François Owono Messie, le stratège de la « régie d’avance »

Tout commence par une décision énigmatique, prise le 12 novembre 2024, en pleine campagne référendaire. François Owono Messie, fort de ses pouvoirs, crée une « régie d’avance » de 46 millions de FCFA pour financer la campagne six jours après son démarrage. Un timing impeccable, digne d’une œuvre d'art du détournement. La question qui brûle alors les lèvres : pourquoi avoir mis en place un tel financement en plein déroulement de la campagne ? Mais peu importe, l’important ici semble être que l’argent ait circulé. Et circuler, il a. Le financement de la campagne est à peine une façade, une excuse pour justifier des dépenses farfelues et non régulées.

 

Ce « petit » décaissement n’est pourtant que la cerise sur le gâteau d’une gestion calamiteuse de Gab’Oil. Si l’on en croit les révélations qui s’accumulent, ce système de « siphonnage » n’est en fait qu’un rouage d’une machine bien huilée, où les plus hauts dirigeants de la société d'État se sont octroyé des privilèges dignes des plus grandes monarchies du monde. La véritable question qui se pose alors est : combien d'autres millions ont disparu dans des dépenses invisibles, déguisées en « régies d’avance » ou autres frais non justifiés ?

 

Un train de vie princier en pleine débâcle financière

Dans un contexte où Gab’Oil lutte contre une dette abyssale de 50 milliards de FCFA auprès de la Société gabonaise de raffinage, l’idée qu’une partie de cet argent soit dilapidée dans des dépenses somptuaires paraît presque irréelle. Parmi ces dépenses, une facture mensuelle de près de 10 millions de FCFA pour la restauration par une société externe, ISP, attire particulièrement l'attention. Une somme considérable pour nourrir quelques privilégiés, dans un contexte où l’entreprise n’est même pas en mesure de régler ses dettes. Une décision qui, à défaut d’être judicieuse, frôle la pure absurdité.

 

Mais, après tout, pourquoi se soucier de l’avenir financier de Gab’Oil quand il est si agréable de mener une vie princiaire, avec toutes les petites attentions que cela implique ? François Owono Messie et ses associés ont semble-t-il adopté la devise : « Mangeons et buvons, car demain... il y a toujours un autre détournement ». Le problème, bien sûr, est que « demain » est souvent synonyme de crise financière pour les autres.

 

Un système mafieux ou simplement de la mauvaise gestion ?

L’affaire Gab’Oil va au-delà de l’irresponsabilité financière : elle soulève la question d’une gouvernance en vase clos, où l’argent public devient une ressource à exploiter sans contrôle ni vergogne. Au sein de cette société d’État, il semblerait que les responsables aient développé une véritable mécanique de détournement systématique. Une forme de mafia bien structurée, où chaque dépense, chaque transaction, semble avoir pour but de nourrir le train de vie luxueux de quelques-uns, au détriment de la santé financière de l’entreprise.

 

Mais au fond, est-ce de la mauvaise gestion ou une stratégie délibérée de pillage organisé ? À l’instar de certains grands maîtres de l’escroquerie, les responsables de Gab’Oil semblent avoir mis en place un système aussi sophistiqué que simple : détourner, justifier et multiplier les factures farfelues. Le tout en gardant le silence sur les montants qui s’évaporent, comme dans un tour de magie où l’argent disparaît, mais personne ne se doute de l’illusion.

 

Les enquêtes qui n’arrivent jamais à destination

Les enquêteurs, eux, continuent de fouiller les recoins de ce labyrinthe financier, mais avec une lenteur et une indifférence qui frisent l’absurde. Les autorités chargées de réguler ces abus semblent avoir choisi une politique de l’autruche : on ferme les yeux, on laisse le temps faire son œuvre et, si les pressions deviennent trop fortes, on lance une enquête qui mettra des années à produire un résultat. En attendant, les responsables de cette gabegie continuent d'agir comme si de rien n’était, dans une impunité quasi totale.

 

La situation est d’autant plus alarmante que la gestion des fonds publics et des entreprises d'État devrait être un modèle de transparence et de rigueur. Or, à Gab’Oil, le seul modèle qui semble prévaloir est celui du siphonnage organisé. Un siphonnage qui, à force de persévérance, finit par devenir une norme, une stratégie, et peut-être même un « business model » à part entière.

 

En fin de compte, l’affaire Gab’Oil est plus qu’un simple scandale financier : c’est une illustration parfaite d’un système où la gestion des fonds publics n’est qu’un jeu pour quelques privilégiés. Un jeu où la question n’est pas « comment améliorer l’entreprise ? » mais « comment utiliser l’entreprise comme un tremplin pour des gains personnels ? ». Si la société d’État était censée être un modèle de bonne gestion, elle est aujourd’hui un modèle de mauvaise foi et de gabegie, où l’on ne cherche plus à gérer, mais à profiter du système. Alors, qui sera le prochain à s’inviter à ce banquet financier ? Et surtout, combien d’autres Gab’Oil se cachent encore dans l’ombre, attendant que les regards se tournent ailleurs pour faire le plein de fonds publics ?

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