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Politique

Construction d’une école à Jean Violas : Idriss Ngari refuse de céder le terrain acquis par le ministère de l’Éducation nationale.

IMG Idriss Ngari refuse de céder un terrain, soigneusement acquis par le ministère de l’Éducation nationale.

Dans un Gabon en pleine transition, où les projets d'avenir s'entrechoquent avec les résistances du passé, l’histoire de l’ex-ministre et général à la retraite Idriss Ngari pourrait prêter à confusion si elle n'était pas aussi tragiquement sérieuse. L’affaire est simple, du moins en théorie : l'État veut construire un complexe scolaire à Jean Violas, à Owendo, dans le cadre d’une initiative visant à résoudre la crise des déserts scolaires. Mais, voilà, un obstacle inattendu se dresse devant ce noble projet. Un terrain, soigneusement acquis par le ministère de l’Éducation nationale pour cette construction, serait désormais revendiqué par… le général Ngari. À qui le tour ? Qui peut, en toute logique, s'opposer à la construction d'une école sur un terrain appartenant à l'État ? Apparemment, l’ancien ministre, qui semble bien décidé à jouer les patriotes de l’ombre.

 

Là où l'affaire devient délicieusement absurde, c'est que l'ancien ministre, dans une posture qui mêle fierté et opacité, affirme que ce terrain lui a été « offert » par feu le président Omar Bongo Ondimba. Et bien qu’aucun document officiel ne vienne étayer cette prétention, le général fait valoir son droit de propriété avec la dignité d’un homme qui aurait pris possession des clés de l’État lui-même. Sauf qu’il ne s’agit pas ici de dominer un empire, mais de défendre un bout de terre, où des jeunes Gabonais pourraient bien voir leur avenir se dessiner. Pas de chance, il faut d'abord passer par la barrière de sable que le général a décidé d'ériger sur place.

 

Le ministère de l’Éducation, de son côté, ne reste pas inactif. Dès que les techniciens en charge du projet arrivent pour poser les premières délimitations, ils sont accueillis par une scène qui pourrait appartenir à un mauvais thriller administratif : des engins de chantier, des camions remplis de sable et des ouvriers occupés à construire des murs invisibles – une barrière, qu’ils disent ! Ni une ni deux, l’État, par l’intermédiaire de la Société nationale immobilière (SNI), de l'ANUTTC, et même de la mairie d’Owendo, se lance dans une procédure légale pour stopper ces travaux. Mais l'ex-ministre reste intransigeant, « Ce terrain est à moi », répète-t-il, avec la conviction d’un souverain.

 

Derrière ce vaudeville administratif, un doute s’installe : pourquoi un ancien haut fonctionnaire se lance-t-il dans une telle résistance à un projet d'intérêt public, une initiative qui pourrait transformer la vie de milliers de jeunes ? Les observateurs pourraient être tentés de penser qu'il s'agit là d'une simple question de propriété, mais le timing et le contexte suggèrent une autre motivation : celle de saboter discrètement, mais fermement, les efforts du gouvernement actuel. Un coup d’œil à l’histoire récente montre que la politique gabonaise a toujours eu une étrange propension à mélanger le privé et le public, les ambitions personnelles et les enjeux nationaux.

 

Ainsi, il est peut-être plus facile de comprendre pourquoi le général Ngari tient mordicus à ce terrain. Derrière l'homme d'État, il y a l'homme tout court, avec ses aspirations et ses relations, qui ne semblent pas prêtes à laisser place à une vision collective. Certes, les jeunes Gabonais n'ont que faire des querelles de propriétaires terriens, mais ces querelles, manifestement, ne cessent de se multiplier.

La question qui émerge est simple : pourquoi, alors que le pays semble se réinventer, certains continuent-ils de jouer les résistants face à des projets porteurs d'espoir ? Pourquoi persiste-t-on à défendre un passé révolu, au lieu de laisser place à un avenir concret, où les enfants seraient enfin les premiers bénéficiaires de l’indépendance politique et éducative de leur pays ?

 

À moins qu'il ne s’agisse tout simplement d’une défense acharnée du « sable », dans un pays où chaque grain semble encore receler une promesse d’influence et de pouvoir. Dans cette bataille entre le général et l’État, une chose est sûre : ce sont les jeunes qui, une fois de plus, se retrouvent pris en otage. Mais à force de s'enliser dans les querelles de terrain, espérons que la Transition n'oublie pas que, comme le dit si bien le proverbe, « l’avenir appartient à ceux qui rêvent… mais aussi à ceux qui construisent ».

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