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Électricité, Eau et Rails : ça déraille de partout !

IMG Le train de la Setrag a, une fois de plus, déraillé.

Vivre au Gabon est un véritable exercice de résistance. Entre les coupures d’électricité, les pannes d’eau et les incidents ferroviaires à répétition, les Gabonais font face chaque jour à une réalité où l’imprévisible devient la norme. La SEEG et la Setrag, ces deux géants censés fournir des services essentiels, semblent plutôt offrir un suspense quotidien. Les Gabonais en viennent à se demander si le véritable défi n'est pas de survivre dans un environnement où le confort de base est constamment remis en cause. Retour sur une routine qui pourrait faire rire si elle n’était pas aussi dramatique.

 

SEEG : Fournisseur Officiel d’Excuses

 

C’est devenu un phénomène national. Dès qu’un quartier sombre dans l’obscurité, la SEEG (Société d’Énergie et d’Eau du Gabon) fait son entrée avec son habituel message d’excuses. La formule est connue de tous : « Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour cette interruption. Nos équipes sont mobilisées pour rétablir la situation dans les plus brefs délais. » Au bout de quelques mois, ces mots deviennent presque aussi prévisibles que les coupures elles-mêmes.

Pourquoi un pays aussi riche en ressources énergétiques doit-il subir autant de pannes ? Selon certains, c’est la conséquence d’une infrastructure vieillissante et d’un manque de transparence dans la gestion. Mais en attendant, les citoyens subissent des interruptions d’électricité qui peuvent durer des heures, voire des jours, sans aucune information concrète sur les causes réelles. Certains quartiers vivent dans l’angoisse permanente de voir leur quotidien basculer dans l’obscurité.

Et ne parlons pas de l’eau, ce bien essentiel qui, lui aussi, semble avoir pris un congé sabbatique dans certaines zones. Pour certains Gabonais, chaque goutte d'eau devient un trésor. Les coupures de longue durée poussent les habitants à trouver des solutions d’urgence : réservoirs personnels, bidons et autres trésors de bricolage pour stocker le précieux liquide. Le manque d’eau empêche de cuisiner, de se laver ou de boire en toute sécurité. Ici, l’art de l’adaptation atteint des sommets.

 

Setrag : le Train des Imprévus

La SEEG n’est pas seule dans le cercle très restreint des services essentiels qui donnent du fil à retordre. La Setrag, responsable du transport ferroviaire, connaît aussi sa part d'incidents. Par exemple, le 1er novembre 2024, le train minéralier n°4470 a déraillé entre les gares d’Offoué et Lopé, renversant 33 wagons et détruisant environ 600 mètres de voie. Un « incident » parmi tant d'autres, semble-t-il. Les voyageurs, eux, voient leur trajet annulé, les trains Express N°611 et Omnibus N°632 sont suspendus et les usagers se retrouvent coincés.

 

À croire que la Setrag a instauré une tradition : chaque mois, un petit déraillement par-ci, une annulation de trains par-là. Le pire ? Cela fait maintenant partie du quotidien. Les Gabonais ont appris à ne pas planifier leurs voyages en train avec certitude, un luxe que la Setrag leur refuse.

 

Le Monopole de l’Indifférence

Mais pourquoi ces entreprises continuent-elles à offrir un service aussi instable ? La réponse réside peut-être dans le monopole qu'elles détiennent. Avec une quasi-absence de concurrence, la SEEG et la Setrag ont peu de pression pour améliorer leurs prestations. Le citoyen gabonais, lui, est condamné à subir cette situation sans véritable alternative. Que ce soit pour la lumière, l’eau ou les déplacements, l’impuissance de l’État à encadrer ces monopoles devient un problème de société.

 

Pour l’instant, les Gabonais endurent. Ils endurent les excuses, les messages de « mobilisation des équipes », et la succession de pannes. Mais combien de temps cette patience durera-t-elle ? Derrière cette résilience se cache un ras-le-bol croissant, une frustration qui pourrait bien se transformer en mouvement de contestation. Le Gabon est un pays de richesses naturelles, alors pourquoi ne pas traduire ces richesses en confort de vie pour les habitants ?

 

Si l'on peut saluer la capacité des Gabonais à s’adapter, il serait temps que ces entreprises fassent un examen de conscience. L’État devra aussi jouer un rôle plus actif pour garantir des services à la hauteur des besoins du peuple. Car l’attente a des limites, et un jour, peut-être, la patience du Gabonais se transformera en revendication.

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