IMG-LOGO
Accueil Article Julien Nkoghe Bekale : « À la disposition de mon pays », mais à quelle sauce ?
Culture

Julien Nkoghe Bekale : « À la disposition de mon pays », mais à quelle sauce ?

IMG Julien Nkoghé Bekalé, ancien premier Ministre.

Le 9 mars 2025, l’ancien Premier ministre du Gabon, Julien Nkoghe Bekale, a accordé une interview à TV5 Monde, où il a généreusement livré son analyse de la situation politique de son pays, tout en esquissant son propre avenir. Entre fidélité au Parti Démocratique Gabonais (PDG) et aspirations philanthropiques, l’homme de 63 ans semble jongler entre retraite politique et service potentiel… à la demande, bien sûr.

 

Un PDG en mode « passation de pouvoir »… ou de calcul ?

Selon Bekale, le PDG, autrefois machine électorale inébranlable sous le règne d’Ali Bongo, a choisi de « passer le relais à une nouvelle génération » pour une « nouvelle gouvernance ». La phrase a de quoi surprendre : voilà un parti qui a régné sur le Gabon pendant plus d’un demi-siècle et qui découvre soudainement les vertus du renouvellement ! Une manière élégante de dire que le choix du peuple – comprendre Brice Clotaire Oligui Nguema – est déjà acté, et que le PDG se repositionne en bon opportuniste, prêt à s’aligner sur le vent dominant.

Mais que les militants se rassurent, le PDG ne disparaît pas pour autant : il compte bien aligner des candidats aux élections législatives et locales. Traduction : on laisse la présidence à Oligui Nguema, mais on ne lâche pas les leviers du pouvoir pour autant. Un pied dedans, un pied dehors – une habitude bien ancrée.

 

Une retraite politique… sous conditions ?

Interrogé sur son avenir, Bekale s’est voulu philosophe : « Après la politique, il y a une autre vie. J’ai vraiment envie de me consacrer à ma fondation sur la bonne gouvernance ». Noble cause, surtout quand on sait que la bonne gouvernance a toujours été le talon d’Achille du PDG. Se repentir après avoir servi un système critiqué pour son opacité et sa gestion calamiteuse, voilà qui pourrait prêter à sourire.

Mais attention, pas question de disparaître totalement : « Je reste disponible pour mon pays. » Ah, cette fameuse disponibilité des anciens dignitaires ! Comprenez : s’il y a un strapontin à prendre, une mission « spéciale » à endosser ou un poste d’influence à occuper, Bekale répondra présent.

 

Une sortie stratégique ?

Derrière cette posture de retraité actif, une stratégie bien rodée se dessine. Après avoir servi sous Ali Bongo, puis été écarté lors du coup de force de 2023, Bekale adopte le profil du sage, du « consultant » prêt à guider la transition sans s’impliquer frontalement. Une manière d’éviter le discrédit d’un engagement trop marqué tout en restant influent dans les cercles du pouvoir.

 

Reste à voir si les Gabonais seront dupes de cette transformation soudaine en ambassadeur de la gouvernance vertueuse. Car après des années à défendre un régime aujourd’hui déchu, difficile d’effacer l’ardoise d’un simple coup de communication. Alors, Julien Nkoghe Bekale : retraité politique sincère ou stratège en embuscade ? Seul l’avenir nous dira s’il est vraiment « à la disposition du pays »… ou seulement à la disposition des opportunités.

Partagez:

Postez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires