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Les résultats d'une élection apaisée publiés dans quelques heures

IMG Les gabonais ont voté dans un climat apaisé.

Enfin une élection présidentielle au Gabon qui ne ressemble pas à un épisode de Game of Thrones, mais plutôt à un dimanche de messe : calme, ordonnée, et presque spirituelle. Le pays, sorti d’une cure de transition de deux ans, a offert au monde un spectacle rare : une élection sans coup d’État, sans coup de feu, sans coup de théâtre, sans déploiement armée, sans coupure d’internet. Une première dans l’histoire le ministère de l’Intérieur a annoncé la publication des résultats ce dimanche 13 avril.

 

Sur le terrain, il n’y a pas eu match !

 

Huit candidats sur la ligne de départ. Enfin, "ligne de départ" est un grand mot : sur le terrain, un seul bolide a été vu en pole position, affiché sur tous les panneaux, toutes les chaînes, dans tous les discours, et jusque dans les rêves des gabonais. Brice Clotaire Oligui Nguema, le Général devenu président de la transition, a tellement occupé l’espace public qu’on se demande si les autres candidats ont été imprimés en noir et blanc pour ne pas distraire les électeurs.

 

Les noms des autres compétiteurs  Alain Claude Bilie-By-Nze, Gninga Chaning Zenaba, Axel Ibinga Ibinga (oui, deux fois Ibinga, pour deux fois plus de chances), ou encore Thierry Yvon Michel N’Goma – sont apparus sur les bulletins comme des choix alternatifs... purement décoratifs, diront les mauvaises langues. Un peu comme le menu végétarien dans un restaurant de viandes grillées : il est là, mais personne n’y touche vraiment.

 

Dans cette atmosphère d’harmonie électorale presque suspecte, une chose est claire : les Gabonais veulent tourner la page. Sauf que personne ne dit si c’est pour lire un nouveau chapitre ou relire le même livre avec une nouvelle couverture. Car, en écoutant les discours, en observant les slogans, en suivant les cortèges et en décortiquant les promesses, un parfum familier flotte dans l’air. Celui du PDG, version 2.0. Nouvelle interface, mêmes bugs ?

 

Mais ne boudons pas notre plaisir : cette présidentielle est sans doute la plus calme de l’histoire gabonaise. Ni villes mortes, ni commerces barricadés, ni familles en fuite. Mieux encore : les citoyens discutent, comparent, espèrent. Un progrès démocratique, donc. Même si le scrutin ressemble parfois à une cérémonie de confirmation où l’on sait déjà qui sera sacré roi.

 

Dans les rues de Libreville, les attentes sont cependant bien réelles : emploi, logement, eau, électricité, et pourquoi pas... internet sans coupure. Une jeune femme rencontrée à Akébé lâche avec lucidité : « On vote pour Oligui, parce que bon… on ne sait pas ce que les autres peuvent faire. Et puis au moins lui, il a déjà les clés. » On ne saurait mieux résumer la logique du suffrage 2025 : élire celui qui est déjà là, pour éviter de perdre du temps avec les cartons de déménagement.

 

Au fond, le vrai suspense de cette présidentielle ne porte pas sur le nom du gagnant il est déjà brodé sur les écharpes mais sur ce qu’il fera une fois confortablement élu. Car la rupture promise ne peut plus se contenter d’une mise en scène militaire ou de réformes en papier glacé. Il faudra produire, redistribuer, réconcilier… et surtout gouverner sans costume d’opposant ou discours de transition.

 

Si le Gabon entre dans une Cinquième République, espérons qu’elle ne soit pas simplement la quatrième avec un lifting. Le peuple veut des routes, pas des slogans ; de l’eau potable, pas des hashtags ; des emplois, pas des discours à rallonge. Le compte à rebours est lancé.

 

 

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