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Décès du petit Daniel Kilian Boussougou à Église de Réveil Schekina : Quand la noyade devient un baptême suspect

IMG Église de Réveil Schekina au coeur d'un vaste scandale.

Parfois, la réalité nous dépasse. Et parfois, elle nous noie. C’est le cas dans l’affaire tragique du garçonnet Daniel Kilian Boussougou, décédé dans des circonstances plus que floues dans l’église de réveil Schekina, dirigée par le pasteur Louis Mbadinga. Un décès qui ne serait, semble-t-il, pas un simple accident, mais plutôt le dénouement d’une série de pratiques religieuses qui, elles aussi, frôlent la noyade dans un océan de dérives.

 

En novembre dernier, le petit Daniel, âgé de trois ans, est retrouvé sans vie dans un bain d’eau… qui aurait pu être destiné à une purification spirituelle mais encore faut-il que la baignade dans un tel endroit ne se transforme pas en un acte morbide. C’est une grand-mère éplorée, et visiblement bien plus perspicace que certains enquêteurs, qui alerte la justice après avoir soupçonné des anomalies dans ce qui semble être un rituel plutôt qu’un malheureux accident. La plainte est déposée, l’enquête ouverte, et les feux des projecteurs braqués sur un coin d’ombre : l’Église de réveil Schekina, le pasteur Louis Mbadinga et une famille plus ou moins dévouée à l’édifice religieux.

 

Et voilà que, dans la plus grande discrétion, la justice fait son travail. Ou plutôt, elle décide de sortir les baigneurs de leur eau chaude. Le pasteur Louis Mbadinga, qui semblait avoir trouvé une certaine aisance à plonger ses fidèles dans des eaux troubles, bénéficie d’une liberté provisoire. Un petit bain de jouvence, peut-être ? Mais les trois autres protagonistes – le père de l’enfant et deux complices présumés – se retrouvent quant à eux sous mandat de dépôt. Ce qui semble être une étrange manière de se rapprocher du Christ : dans une cellule plutôt qu’à l’autel.

 

Mais tout ceci soulève une question plus profonde : les églises de réveil sont-elles en train de remplacer les véritables piscines de purification par des réservoirs de confusion et de manipulation ? Ces « églises » qui pullulent, en particulier dans les quartiers de Libreville, semblent offrir des solutions spirituelles à tout, mais surtout à n'importe quel prix. Si la spiritualité était un produit de consommation, ces pasteurs seraient-ils les vendeurs de "miracles" pour les masses affamées de réponses rapides et faciles ?

 

Bienvenu Nziengui, un jeune gabonais surnommé "Le chocolat des filles", a récemment exprimé son dégoût face à ces pseudo-églises. Sur les réseaux sociaux, il s’est fait remarquer par ses critiques acerbes de ces pasteurs "vendeurs d’illusions", dénonçant non pas le christianisme en soi, mais ses dérives et ses faux prophètes. Ses prises de position, sans fard et sans détour, trouvent un large écho auprès des jeunes gabonais qui en ont assez de se faire avoir par des discours religieux aussi creux que certains miracles annoncés. Mais au-delà des critiques virulentes, il semble que Bienvenu cherche simplement à secouer cette société qui, parfois, préfère l'illusion à la vérité.

 

Et c'est là, dans cette comédie de l'absurde, que l'affaire de l’Église de réveil Schekina se révèle plus qu’un drame : une satire. Un drame parce qu’un enfant est mort dans des circonstances non élucidées. Une satire, parce qu’un pasteur, des fidèles et une famille s’enlisent dans un enchevêtrement de faux-semblants spirituels. Dans cette histoire, même le plus élémentaire des rites religieux semble se transformer en spectacle.

 

Ainsi, le procès prévu pour le 9 mars 2024 pourrait être l’occasion de dévoiler une fois pour toutes la vérité, si tant est que la vérité puisse encore respirer dans un tel marasme. Pour l’instant, on ne peut qu’espérer que cette affaire servira de leçon : la foi, ça ne se baigne pas dans des eaux troubles.

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