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Congrès du PDG : « Zidane » prend les rênes d’un club de "survivants"

IMG Blaise Louembe porté au pinacle.

C’était l’événement politique du moment : le treizième congrès extraordinaire du Parti Démocratique Gabonais (PDG). Une réunion aux allures de thérapie collective où l’ancien parti au pouvoir, aujourd’hui exsangue, tentait de retrouver un souffle, une raison d’exister, voire une dignité politique après le séisme du 30 août 2023. Et quel spectacle ! Sous les projecteurs, un visage familier, Blaise Louembe, ancien ministre et fidèle parmi les fidèles du régime déchu, a été propulsé à la présidence du parti.

 

Mais peut-on encore parler de présidence quand le parti ressemble davantage à une épave ballotée par la tempête politique ? Car soyons clairs : ce que Louembe vient d’hériter, ce n’est pas un navire de guerre, ni même un bateau de croisière, mais bien une carcasse flottante qui prend l’eau de toutes parts. À ce stade, même un capitaine chevronné hésiterait à monter à bord sans une bouée de sauvetage.

 

Un parti naufragé, un équipage en fuite

Depuis la chute d’Ali Bongo, le PDG a tout perdu : son pouvoir, son autorité et surtout son prestige. Autrefois présenté comme un parti "de masse", il est devenu un club de survivants où chacun scrute l’horizon, espérant trouver une chaloupe vers une reconversion politique. D’ailleurs, les défections parlent d’elles-mêmes. Ministres, députés, cadres du parti… tous ont préféré se fondre dans la nouvelle ère du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) plutôt que de rester attachés à une embarcation en détresse.

 

L’image du PDG aujourd’hui ? Un Titanic post-collision avec l’iceberg. Certains se sont jetés à l’eau avant que le pont ne s’effondre, d’autres s’accrochent à des débris flottants en attendant un improbable sauvetage. Et puis, il y a ceux qui restent à bord, convaincus que la musique peut encore jouer malgré l’inclinaison inquiétante du navire.

 

Blaise Louembe : un capitaine sans boussole ?

Nommé à la tête du parti, Blaise Louembe a désormais la lourde tâche de redonner une direction au PDG. Mais avec quelle vision ? Avec quels moyens ? On peut légitimement se poser la question. Car jusqu’ici, aucun cap clair n’a été défini, et les annonces du congrès ressemblent davantage à des rustines posées sur une coque déjà trouée.

 

Certes, une nouvelle équipe dirigeante a été mise en place. Aux côtés de Louembe, trois vice-présidents : Paul Biyoghe Mba, Yves Fernand Manfoumbi et Jeannot Kalima. Des visages déjà bien connus du paysage politique gabonais, ce qui ne présage rien d’un grand renouveau. À cela s’ajoute un secrétariat général désormais dirigé par Angélique Ngoma, flanquée de Maxime Ngozo Issoundou, Charles Otando, Antoine Menié Meyi et Denise Mekamne. Mais au-delà des noms, la question essentielle demeure : quelle stratégie adopter pour que le PDG cesse d’être perçu comme le vestige d’un régime balayé par l’histoire ?

 

Un électorat à reconquérir, une image à reconstruire

Car au-delà des batailles internes et des jeux d’influence, le vrai défi du PDG est ailleurs : il s’agit de reconquérir la confiance des Gabonais. Un pari presque insensé lorsque l’on sait que ce parti a incarné, des décennies durant, l’arrogance du pouvoir absolu, la gestion clanique de l’État et l’oubli systématique du peuple.

 

Aujourd’hui, l’ancien "parti de masse" n’a plus que ses archives pour se consoler. Ses militants se font rares, et même dans les fiefs historiques du PDG, l’enthousiasme a disparu. Comment convaincre les Gabonais que ce parti, symbole du système Bongo, peut incarner un avenir crédible ?

 

Le défi est titanesque, et Blaise Louembe, malgré toute sa bonne volonté, pourrait bien découvrir que piloter un navire sans moteur ne mène qu’à l’échouage. Car en vérité, ce congrès extraordinaire n’a rien d’un nouveau départ. Il ressemble plutôt à une réunion de rescapés cherchant à se persuader que l’épave peut encore naviguer.

 

Vers une présidentielle 2025 sans le PDG ?

À l’approche des échéances électorales de 2025, la question est cruciale : le PDG a-t-il encore un avenir politique ou est-il condamné à l’errance ? Le parti pourra-t-il présenter un candidat, ou devra-t-il se résoudre à jouer les seconds rôles dans une alliance opportuniste ?

 

Le problème fondamental du PDG aujourd’hui n’est pas seulement une question de leadership, c’est une question d’identité. Que représente-t-il encore dans le paysage politique gabonais post-30 août ? Un parti d’opposition ? Un parti de tradition ? Ou simplement un vestige du passé, en attente d’une disparition programmée ?

 

Pour l’instant, le bateau PDG continue de flotter, mais pour combien de temps encore ? L’élection de Blaise Louembe est peut-être la dernière tentative de remettre un capitaine à la barre. Mais sans une direction claire, sans une rupture idéologique forte et surtout sans une volonté de faire amende honorable face aux Gabonais, le risque est grand que le PDG ne devienne qu’une épave politique, nostalgique de ses années de gloire, mais incapable de revenir à quoi. Blaise Louembe a accepté de tenir la barre, mais dans quel but ? S’il ne trouve pas rapidement un cap, il pourrait bien être le dernier commandant d’un navire condamné à sombrer.

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