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Citibank Gabon : quand le licenciement devient une stratégie de gestion

IMG Igor Ulrich Amveme Abondo.

Il fut un temps où être un employé performant garantissait une certaine sécurité professionnelle. Mais chez Citibank Gabon, il semblerait qu’exceller soit devenu un motif de suspicion. La filiale gabonaise du géant bancaire américain Citigroup s’illustre à nouveau dans l’art subtil du licenciement arbitraire, en se débarrassant d’un cadre qui avait pourtant fait ses preuves : Igor Ulrich Amveme Abondo, auditeur interne.

 

Son licenciement en 2023, officiellement motivé par une « faible performance », contraste étrangement avec ses évaluations précédentes, toutes notées « consistently strong ». Mais après tout, la logique d’entreprise suit parfois des chemins mystérieux, surtout quand il s’agit de se débarrasser d’un salarié devenu encombrant.

 

Le plan de performance : un outil de mise au placard ?

Tout commence en 2020 avec un changement de management. Soudainement, Igor Ulrich Amveme Abondo est placé sous « plan de performance », une procédure censée encadrer les employés jugés défaillants. Le problème ? Il n’a jamais été épinglé pour une quelconque faute.

 

Son supérieur, Mohammed Abdhulla, semble pourtant déterminé à l’intégrer à ce programme, sans autre justification que « Nous avons décidé, tu t’alignes ». Un management moderne, dans lequel la transparence se limite à des ordres donnés à huis clos. Pendant plus d’un an, les réunions de suivi ressemblent davantage à une pièce absurde qu’à une véritable évaluation professionnelle : aucune directive claire, aucun objectif précis, juste une attente prolongée jusqu’à l’inévitable issue.

 

Une négociation qui tourne au ridicule

En 2022, la pression s’accentue. L’expert en audit comprend que l’issue est déjà écrite : on ne lui laisse que deux choix, partir de lui-même ou être poussé dehors. Lors d’une réunion censée sceller son départ, il joue le jeu et demande une indemnisation d’un million de dollars. Une requête qui provoque une réaction outrée de son manager : « Pour qui se prend-il ? » avant de couper court à la discussion.

 

Un détail intrigue : la Directrice générale de Citibank Gabon, informée en amont de ces démarches, avoue ne pas être au courant. Qui donc tire les ficelles dans cette entreprise où même la direction locale semble dépassée par des décisions prises ailleurs ?

 

Une impunité bien rodée

Si le dossier d’Igor Ulrich Amveme Abondo était un cas isolé, on pourrait parler d’un simple différend professionnel. Mais il s’inscrit dans un schéma bien connu. Déjà en 2023, Citibank Gabon s’était illustrée avec une amende de 90 millions de francs CFA pour discrimination et surveillance abusive de ses employés. Une sanction qui, visiblement, n’a servi ni de leçon, ni de rappel à l’ordre.

 

L’ancien ministre de l’Économie, Mays Mouissi, s’en est même ému, écrivant noir sur blanc que le licenciement était entaché d’irrégularités. Pourtant, la banque reste muette. Quant à la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), elle semble avoir adopté une stratégie d’attente infinie, un exercice où elle excelle.

 

Cette affaire pose une question embarrassante : Citibank Gabon serait-elle une entité indépendante où la loi du plus fort prime sur toute régulation ? Car dans un pays où le gouvernement s’indigne, où les régulateurs sont saisis et où la banque persiste à ignorer tout le monde, on en vient à se demander qui, exactement, détient le vrai pouvoir.

 

Le silence de Citibank Gabon traduit une certitude inquiétante : l’assurance que ni les autorités, ni la justice, ni les instances financières ne viendront troubler ses affaires. Dans ce jeu de pouvoir, l’employé n’est qu’une variable ajustable, un rouage remplaçable d’un système où la rentabilité prime sur l’humain.

 

En attendant, l’affaire d’Igor Ulrich Amveme Abondo reste un symbole criant d’une multinationale opérant selon ses propres règles. Et puisque Citibank semble écrire son propre règlement du travail, une question demeure : qui osera lui rappeler que le Gabon n’est pas une succursale privée de Wall Street ?

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