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Mise à jour administrative: un délai de deux semaines pour les 10 049 agents publics qui ne sont pas récensés !

IMG Une opération de “mise à jour administrative" dans la Fonction Publique.

Au Gabon, les revenants ne hantent pas les cimetières. Ils dorment paisiblement dans les fichiers de la Solde. Ce 20 octobre 2025, Henri-Claude Oyima, le ministre d’État en charge de l’Économie, des Finances et de la Lutte contre la Vie Chère, a décidé de jouer les exorcistes budgétaires : délai de deux semaines pour que 10 049 agents publics régularisent leurs fiches de collecte.

 

Un beau chiffre, rond et inquiétant. Car dans un pays où tout le monde se dit “fonctionnaire”, on ne sait plus qui travaille, qui fait semblant, et qui touche sans même pointer. On dirait un buffet d’État où les convives se resservent pendant que le cuisinier dort.

 

Officiellement, il s’agit d’une opération de “mise à jour administrative”. Officieusement, c’est une purge feutrée des fantômes du régime Bongo, ces salariés de l’ombre qui ont prospéré pendant des décennies sous la bénédiction d’un système où le piston valait diplôme et la parenté valait concours.

 

Mais attention, que les nouveaux venus ne jouent pas les vierges effarouchées ! Car si les anciens ont inventé la pagaille, les actuels dirigeants y mettent une touche numérique. Même désordre, mais sur Internet. On appelle ça la “modernisation de l’inefficacité”.

 

Sur www.esolde.ga, le site censé sauver la République, on découvre la liste des agents “à régulariser”. Un beau geste, sauf qu’entre les connexions capricieuses et les serveurs asthmatiques, beaucoup risquent de découvrir leur nom à la Saint-Glinglin. Pendant ce temps, les vrais fraudeurs, eux, continuent de percevoir tranquillement leurs soldes fictives avec la bénédiction du diable et la complicité du chef du service.

 

Sous l’ancien régime, on embauchait à tour de bras comme on distribue les parts d’un gâteau familial : “toi pour ton oncle, toi pour ton beau-frère, et toi pour ton électorat.” Aujourd’hui, on veut faire croire que la Transition nettoie les écuries d’Augias… sauf que le balai est toujours tenu par les mêmes mains. Comme dit le proverbe fang, “on ne chasse pas les moustiques avec le filet du pêcheur.

 

Les 10 049 “fautifs” qu’on menace de couper la solde sont peut-être des agents distraits, oui. Mais beaucoup sont surtout victimes d’un système que les autorités passées et présentes ont laissé pourrir jusqu’à l’os. Pendant que certains se faisaient titulariser dans les salons climatisés, d’autres couraient derrière des dossiers perdus depuis trois ministres.

 

Aujourd’hui, Henri-Claude Oyima parle de “gestion optimale des finances publiques”. On applaudit, bien sûr. Mais c’est un peu comme si un pompier pyromane félicitait ses collègues d’avoir éteint son propre incendie. L’État a laissé gonfler ses effectifs comme une grenouille qui se rêvait éléphant, et maintenant, il s’étonne d’exploser sous le poids de ses propres mensonges.

 

La vérité, c’est que le chaos administratif gabonais est une tradition nationale, transmise comme une dot politique : le désordre, c’est la continuité dans la rupture. Et maintenant que l’on veut “réorganiser”, on découvre que la moitié des fichiers appartiennent à des retraités, et l’autre à des morts.

 

Mais bon, ne désespérons pas. Peut-être qu’un jour, la fonction publique gabonaise sera vraiment transparente. Le jour où les chèvres auront des dents en or et les ministres des fiches de paie à jour. Comme dit la sagesse bantoue : “Quand le serpent change de peau, il reste toujours un serpent.” Et à Libreville, la peau a changé, mais le venin est resté.

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