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Politique

Sénat XXL : 60 sénateurs pour quelle utilité ?

IMG Le siège du Senat à Libreville.

La nouvelle a de quoi faire sourire, voire éclater de rire jaune. Alors que le Gabon peine à relever les défis d’une économie chancelante et que la majorité des citoyens jonglent avec l’inflation, le Sénat semble avoir trouvé la priorité absolue : s’octroyer dix sièges supplémentaires. Un geste, à n’en pas douter, guidé par un sens aigu de l’altruisme et de la représentativité.

 

L’argument des sénateurs, répété à l’envi, serait la « nécessité d’une meilleure représentativité des collectivités locales ». Noble cause, certes, mais les Gabonais, eux, peinent à suivre cette logique. Ils se demandent pourquoi, soudainement, les collectivités locales mériteraient autant d’égards, surtout quand les routes restent impraticables, les écoles délabrées et les hôpitaux à court de médicaments.

 

La démocratie taille XXL : une logique inflationniste ?

Pour comprendre ce besoin pressant d’élargir les bancs du Sénat, il faut sans doute se pencher sur la psychologie du législateur en période de Transition. Les mauvaises langues diront que cette décision est moins une question de service public qu’un exercice de préservation personnelle. Augmenter le nombre de sièges pourrait en effet permettre à certains sénateurs de sécuriser leur avenir politique dans un contexte où la compétition devient rude.

 

« Les sénateurs se préoccupent surtout de leur propre représentativité, pas de celle des citoyens », ironise un analyste politique. Et il n’a pas tort. Après tout, le Gabonais lambda, lui, ne se lève pas le matin en rêvant d’une chambre haute plus large et plus coûteuse. Il aspire plutôt à des solutions concrètes face à la vie chère, au chômage et à la crise sociale.

 

Un Sénat ou un fardeau ?

En filigrane, cette polémique relance un débat récurrent sur la pertinence même du Sénat. Si certains plaident pour sa suppression pure et simple, d’autres préconisent une réforme structurelle pour le rendre utile et efficace. En l’état, beaucoup y voient une institution budgétivore, plus soucieuse de ses privilèges que des préoccupations citoyennes.

 

Et pourtant, le nouveau Code électoral s’annonce bientôt, censé moderniser le système et répondre aux attentes d’une démocratie en mutation. Mais quel crédit accorder à ces réformes quand les institutions elles-mêmes semblent en décalage avec la réalité ?

 

Une Transition à double tranchant

Cette période de Transition, au lieu d’apporter une rupture salvatrice, risque de conforter des pratiques anciennes. Mais si cette extension du Sénat passe sans encombre, cela signifiera peut-être que la vraie Transition n’est pas institutionnelle, mais bien sociale : celle des citoyens qui, fatigués des incohérences, réclament désormais des actes et non des symboles vides.

 

Dans ce Gabon en quête de renouveau, la farce sénatoriale pourrait bien être l’étincelle de la désillusion. Car si la démocratie est censée être un dialogue entre les institutions et le peuple, encore faut-il que ce dialogue ne ressemble pas à un monologue égocentré. En attendant, le Sénat s’agrandit, la grogne enfle, et les Gabonais attendent. Pas un siège de plus, mais un véritable changement.

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