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Restaurants-poubelles à Libreville : quand l’AGASA découvre que la mort se sert aussi en plat du jour

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Libreville, 5ᵉ arrondissement. Trois restaurants viennent d’être fermés à Lalala par l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire (AGASA). Officiellement pour « insalubrité excessive ». Traduction : pour avoir transformé leurs cuisines en décharges publiques, leurs marmites en poubelles toxiques, et leurs clients en cobayes gastronomiques.

 

La descente des inspecteurs fut un spectacle digne d’une scène d’apocalypse culinaire. Odeurs suffocantes, nourriture en décomposition, absence de gants, de masques et même de simples certificats médicaux. Des conditions de conservation si dramatiques que certains agents de contrôle, pourtant rompus aux scènes les plus rudes, ont failli tomber en syncope. On aurait dit qu’ils venaient d’ouvrir la porte de l’enfer… version « sauce graine ».

 

Voilà donc ce que l’on sert, à prix d’or parfois, aux Gabonais : des plats avariés, cuisinés à mains nues par des employés qui n’ont jamais vu l’ombre d’une visite médicale, le tout dans des cuisines où les cafards règnent en chefs étoilés. Et tout cela, sous le regard distrait de nos autorités, qui découvrent soudain qu’un restaurant insalubre peut tuer plus vite qu’une balle perdue.

Soyons clairs : Lalala n’est que la partie visible de l’iceberg. Les “Nikeurs”, “le dos tourne” et autres cantines de fortune pullulent dans chaque quartier de Libreville. Des lieux où la viande se conserve dans des frigos qui ne marchent plus depuis la présidentielle de 2016, où le poisson pourrit avant même d’atteindre la poêle, où les sauces mijotent dans des marmites rouillées, accompagnées de moustiques en garniture gratuite.

 

La vérité, crue comme un poulet mal cuit, c’est que la population gabonaise est devenue une armée de cobayes. On mange, on prie et on espère que son intestin tiendra jusqu’au lendemain. Pendant ce temps, les commerçants, souvent étrangers mais toujours bien implantés, continuent de servir la mort en portions généreuses.

 

L’AGASA, dans son communiqué, promet une politique de « tolérance zéro ». Fort bien. Mais que vaut une politique sans moyens réels, sans inspections régulières, sans sanctions exemplaires ? Fermer trois restaurants à Lalala, c’est symbolique. Mais combien d’autres, dans Akébé, Nzeng-Ayong, Owendo ou encore Bikélé, empoisonnent chaque jour les Gabonais sans jamais être inquiétés ?

 

Le problème de la sécurité alimentaire au Gabon n’est pas seulement une question d’hygiène : c’est un problème de gouvernance, de laxisme et parfois même de complicité. Tant que les contrôles resteront sporadiques, tant que la corruption permettra d’acheter le silence de certains inspecteurs, tant que la santé des Gabonais pèsera moins que le prix d’une licence de commerce, nous continuerons à manger notre mort à petites cuillères. En attendant, une seule certitude : au Gabon, manger dehors n’est plus un plaisir, c’est une roulette russe sanitaire.

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