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Société

: Quand le pétrole coule à flot, mais pas les salaires

IMG les travailleurs de BW Energy et BW Offshore entrent en grève.

Au Gabon, l’or noir continue de jaillir, mais les poches des employés restent désespérément vides. C’est en tout cas le constat amer qui a poussé les travailleurs de BW Energy et BW Offshore à ranger leurs casques et à croiser les bras. Après une assemblée générale bouillante le 13 mars 2025, l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) a sifflé le coup d’envoi d’une grève qui promet d’être aussi explosive qu’un baril en plein soleil.

 

Pétrole en hausse, salaires en rade

Ironie du sort, cette révolte éclate au moment où BW Energy et ses partenaires annoncent une découverte pétrolière majeure sur le prospect Bourdon, à 15 kilomètres du FPSO BW Adolo. Une trouvaille qui, selon la communication triomphante de l’entreprise, « ouvre de nouvelles perspectives économiques ». Ah, les fameuses perspectives ! Elles semblent s’élargir pour les actionnaires pendant que les employés, eux, n’aperçoivent qu’un horizon salarial toujours aussi bouché.

 

D’un côté, des colonnes d’hydrocarbures de 45 mètres ; de l’autre, des fiches de paie aussi minces qu’un pipeline après une fuite. Pendant que les dirigeants sabrent le champagne en célébrant leur future rentabilité, les travailleurs peinent à faire bouillir la marmite.

 

Port-Gentil et Libreville en stand-by : la paralysie programmée

La grève ne se limitera pas aux plateformes pétrolières de Mabomo et d’Adolo. Les bureaux de Port-Gentil et de Libreville, véritables centres nerveux de l’industrie, risquent une paralysie inédite. Une perspective qui donne des sueurs froides aux pontes de la compagnie. Car si les forages s’arrêtent, c’est tout un écosystème financier qui vacille : investisseurs fébriles, exportations en baisse, et peut-être même, horreur suprême, une légère baisse des dividendes !

Dans un souci d’équité, l’ONEP a décidé de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Si les négociations avec l’Union pétrolière gabonaise (UPEGA) et le gouvernement n’aboutissent pas avant le 21 mars, c’est tout le secteur pétrolier qui pourrait plonger dans l’obscurité. Plus de pompage, plus de production, et surtout… plus de revenus fiscaux pour l’État. Voilà qui risque de réveiller quelques consciences endormies.

 

Le bal des hypocrites : entre silence radio et promesses en carton

Face à cette menace, la direction de BW Energy joue la carte du silence stratégique, espérant sans doute que la tempête passera d’elle-même. Une tactique bien connue, qui consiste à laisser les grévistes s’épuiser à force de réclamer l’évidence : une rémunération en accord avec la rentabilité de l’entreprise.

 

De son côté, le gouvernement, toujours prompt à réagir avec la vivacité d’un pétrolier en pleine manœuvre, observe la situation avec un intérêt distant. Entre deux déclarations pleines de bonnes intentions, les autorités semblent attendre que l’UPEGA joue les médiateurs. Une stratégie à haut risque, car un blocage prolongé mettrait non seulement en péril les exportations de gaz naturel, mais aussi l’image d’un Gabon « attractif pour les investisseurs ».

 

Quand les travailleurs réclament leur part du gâteau

Au fond, cette grève pose une question simple : qui profite réellement de la manne pétrolière gabonaise ? Si les multinationales pétrolières peuvent annoncer des bénéfices records chaque année, pourquoi leurs employés doivent-ils menacer d’un arrêt de travail pour obtenir une revalorisation salariale ?

 

Il est grand temps que les dirigeants de BW Energy et BW Offshore sortent de leurs bureaux climatisés et descendent sur le terrain, là où la sueur se mêle au pétrole, pour comprendre que sans les ouvriers et techniciens, leurs juteuses affaires ne sont qu’un château de cartes.

 

En attendant, les employés sont déterminés à ne rien lâcher. Peut-être qu’à force de forer les consciences, ils finiront par extraire autre chose qu’un silence gêné. Qui sait, un jour, la richesse produite par le pétrole profitera à ceux qui le font jaillir… mais ne rêvons pas trop vite.

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