Ce 16 janvier 2025, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a remis plusieurs centaines de tricycles aux personnes à mobilité réduite lors d’une cérémonie grandiose. Sous les applaudissements nourris et les sourires des officiels, le message est clair : au Gabon, l’inclusion sociale avance… même si c’est lentement et sans moteur.
Un geste fort, mais pas trop vite
« Construire un Gabon solidaire, où personne n’est laissé pour compte. » Voilà les mots prononcés par le Chef de l’État, avec cette gravité présidentielle qui sied aux grandes occasions. Mais derrière le discours ambitieux, la réalité est plus terre-à-terre : les bénéficiaires pourront désormais affronter des routes défoncées, des trottoirs inexistants et des voitures peu enclines à céder le passage… tout ça sur trois roues et à la seule force de leurs bras.
Il faut dire que le timing est parfait : quoi de mieux qu’un début d’année pour offrir un cadeau qui roule, surtout dans un pays où les infrastructures elles-mêmes semblent immobilisées ? Certes, une politique globale d’accessibilité aurait été un pas de géant, mais pourquoi courir quand on peut pédaler ?
Des bénéficiaires émus… et perplexes
Si les bénéficiaires ont affiché leur gratitude, certains ont tout de même osé poser les vraies questions. « C’est bien de recevoir un tricycle, mais comment je fais pour l’utiliser quand il pleut, sur une route inondée ou dans un bâtiment sans rampe ? », a confié l’un d’eux, avant de s’entendre répondre qu’« il faut garder espoir ». Espoir, ce mot magique qui fait office de politique publique depuis des décennies.
Une bénéficiaire, un brin ironique, a lancé : « Merci pour ce cadeau. Peut-être qu’un jour, on aura aussi des trottoirs ou des bus accessibles. Mais en attendant, je vais muscler mes bras. »
Quand le symbole remplace la réforme
Il est difficile de ne pas applaudir l’intention derrière ce geste. Après tout, un tricycle, c’est toujours mieux que rien, n’est-ce pas ? Mais on pourrait se demander si l’inclusion sociale ne mériterait pas un peu plus qu’une photo officielle et quelques roues. Par exemple, une réflexion sérieuse sur l’accessibilité des bâtiments publics, des transports, et même de l’emploi pour les personnes handicapées.
Au lieu de cela, le gouvernement semble avoir opté pour une solution symbolique, à mi-chemin entre l’aide concrète et l’opération de communication. Le message semble être : « On ne peut pas tout changer, mais regardez comme on essaie. »
Un avenir qui roule, mais où ?
Avec cette initiative, le Gabon a fait un pas (ou un tour de roue) vers l’inclusion sociale. Mais le vrai défi reste entier : transformer ces gestes ponctuels en politiques durables et efficaces. Pour l’instant, on se contente de célébrer des tricycles comme s’il s’agissait d’une révolution sociale. Alors, chers citoyens, applaudissez bien fort, mais n’oubliez pas de regarder où mène cette route. Car si l’inclusion sociale avance à coups de pédales, il serait dommage qu’elle finisse dans un cul-de-sac.
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