Dix longues années. C’est le temps qu’il aura fallu aux épargnants de la Poste Banque pour qu’une lueur d’espoir, aussi fragile soit-elle, commence à poindre. Après des années de silence et d’inaction, la transition, par la voix de Madame Laurence Nantes, Ministre de la Communication et des Médias, a annoncé le début d’un règlement. Mais sous les airs triomphalistes des autorités, cette initiative soulève de nombreuses interrogations et critiques.
Dix milliards pour 60 000 épargnants : vraiment une victoire ?
L’État a promis une enveloppe de 10 milliards de francs CFA pour indemniser 60 000 épargnants. Si l’intention semble louable, la réalité est bien plus amère : une simple division ramène chaque épargnant à un montant dérisoire d’environ 166 000 francs CFA. Une somme insignifiante, loin de couvrir les économies immobilisées depuis la faillite de la Poste Banque SA en 2017.
« Après dix ans d’attente, on nous jette des miettes comme si nous devions nous en contenter ! » s’indigne un épargnant. Pour ces familles qui ont vu leurs économies s’évaporer du jour au lendemain, cette annonce ressemble davantage à une tentative de calmer une grogne sociale qu’à une véritable réparation.
Au-delà des montants dérisoires, le processus lui-même soulève des inquiétudes. Les autorités annoncent qu’un recensement complémentaire sera bientôt lancé pour intégrer les épargnants oubliés. Mais pourquoi ce recensement n’a-t-il pas été effectué plus tôt ? Pourquoi attendre la fin d’année 2024, à quelques mois d’une transition censée remettre le pays sur les rails ?
Le retard dans la prise en charge de ce dossier trahit une gestion confuse et un manque flagrant d’anticipation. Pendant ce temps, les épargnants continuent de payer le prix des dysfonctionnements institutionnels.
Un coup de communication bien ficelé
Il est difficile de ne pas voir dans cette annonce une stratégie politique bien calculée. Alors que la transition se doit de montrer des résultats concrets, ce geste symbolique est brandi comme un trophée. « Nous remercions le Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, pour cette œuvre humanitaire », clament certains épargnants, visiblement résignés. Mais faut-il vraiment remercier l’État pour tenter de réparer, à moitié et avec un retard monumental, une erreur qu’il a lui-même provoquée ? La faillite de la Poste Banque SA est le fruit d’une mauvaise gouvernance, et ce « début de règlement » apparaît davantage comme une opération de relations publiques que comme une solution durable.
Un enjeu de crédibilité pour la transition
Si les autorités de la transition souhaitent marquer l’histoire, elles devront aller bien au-delà de ces annonces. Ce dossier emblématique est une épreuve de vérité pour le gouvernement : soit il démontre sa capacité à résoudre efficacement les problèmes hérités du passé, soit il reproduit les mêmes travers que ses prédécesseurs.
En attendant, les épargnants de la Poste Banque, eux, restent dans l’expectative, partagés entre un maigre espoir et une colère légitime. Car au-delà des discours et des chiffres, ce sont des vies brisées, des projets abandonnés et des familles sacrifiées qui méritent plus qu’un simple pansement budgétaire.
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