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Paralysie à la justice : quand le gouvernement applique "le service minimum" dans la gestion de la crise

IMG Paul Marie Gondjout, ministre de la Justice.

Dans un pays où le concept de justice est déjà sujet à débat, la voilà désormais en grève prolongée ! Depuis plusieurs semaines, le Gabon assiste à un spectacle pour le moins théâtral : magistrats et greffiers, lassés de prêcher dans le désert budgétaire, ont rangé robes et tampons pour revendiquer de meilleures conditions de travail. Résultat ? Une paralysie judiciaire totale. Mais après tout, qui s’en soucie vraiment ?

 

Car, soyons honnêtes : la justice gabonaise fonctionnait-elle vraiment avant ? Entre lenteurs procédurales, détentions provisoires à durée indéterminée et infrastructures dignes d’un décor de film d’époque, nos palais de justice n’avaient déjà rien de palatial. Le vrai miracle était, peut-être, qu’ils tournent encore, malgré des magistrats mal payés et des greffiers entassés dans des bureaux où même un accusé refuserait d’être détenu.

 

Quand le Garde des Sceaux découvre l’absence de justice…

Face à cette situation, le ministre de la Justice, Paul Marie Gondjout, semble découvrir, avec stupéfaction, que le service minimum n’est pas respecté. Il rappelle, indigné, que la loi n° 18/92 du 18 mai 1993 impose un strict minimum, comme si, dans un pays où les salaires traînent et les conditions de travail flirtent avec l’indécence, les syndicats allaient, subitement, retrouver un élan patriotique !

Pourtant, le gouvernement jure la main sur le cœur qu’il travaille d’arrache-pied à des solutions concrètes : des décrets sans incidence financière (traduction : des promesses sans budget), la recherche hypothétique de financements (traduction : on attend un miracle du FMI) et surtout, des discussions ouvertes avec les partenaires sociaux (traduction : on attend qu’ils se lassent et reprennent le travail).

 

Le service minimum… du gouvernement ?

Mais au fond, n’est-ce pas le gouvernement lui-même qui applique un service minimum dans la gestion de la crise ? Car, pendant que magistrats et greffiers patientent, les dossiers judiciaires s’empilent, les détentions provisoires s’éternisent et les victimes attendent que justice soit faite… un jour.

Et puis, cette grève soulève une question existentielle : si le système judiciaire est à l’arrêt, est-ce que cela signifie que les arrestations et procès de complaisance aussi ? Dans ce cas, peut-être que certains opposants politiques vont enfin goûter à une forme de liberté… forcée !

 

Une justice à deux vitesses

Bien sûr, il ne faudrait pas croire que toute la justice est en pause. Les affaires d’Etat, elles, trouvent toujours un chemin vers les tribunaux. Après tout, certains dossiers brûlants doivent être traités sans délai. Mais pour le citoyen lambda, le message est clair : la justice, c’est comme l’électricité… il y en a pour ceux qui peuvent se la payer.

 

En attendant, le ministre de la Justice invite au dialogue. Mais la vraie question est : dialogue avec qui ? Les magistrats en colère ? Les greffiers épuisés ? Ou peut-être les justiciables, qui n’ont jamais eu leur mot à dire sur un système qui les broie depuis des décennies ? Au Gabon, la justice n’est plus seulement aveugle, elle est maintenant muette et paralysée. A ce rythme, elle pourrait bien devenir… inexistante. Affaire à suivre… si un tribunal accepte encore de la juger.

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