Un pasteur surnommé "Américain" tente de ramener un nourrisson à la vie par la prière. La gendarmerie intervient pour éviter une "résurrection forcée". Retour sur un miracle qui n’a pas eu lieu.
Dans la petite ville d’Okondja, la scène aurait pu être tirée d’un scénario hollywoodien : un pasteur charismatique, une mère éplorée et un miracle en préparation. Mais ici, pas d’effets spéciaux ni de happy end. Juste un drame social brutal, où la foi tente de combler les vides d’un système de santé défaillant.
L’histoire commence avec Diane, une jeune mère de 20 ans qui, faute de moyens, peine à soigner son nourrisson malade. La route de l’hôpital de Franceville est longue, et l'argent manque. Comme souvent dans ces cas-là, la prière devient l’ultime assurance-maladie. Malheureusement, le destin n’a pas attendu l’intervention divine : l’enfant succombe en chemin, quelque part près d’Allangha.
Et Dieu créa Américain
À Okondja, un homme d’église, surnommé "Américain", se sent investi d’une mission : là où la médecine échoue, la foi triomphe. Sans ordonnance ni diplôme, mais avec une conviction inébranlable, il propose une alternative aux certificats de décès : la résurrection.
C’est ainsi que Diane, en quête d’un espoir, confie le corps sans vie de son enfant au pasteur. Ce dernier orchestre alors une cérémonie peu conventionnelle : portes et fenêtres closes, incantations à l’appui, il plonge dans une transe dont seul le Ciel connaît les secrets.
Mais les voisins, eux, sont moins mystiques. Intrigués par cette "chambre de miracle" barricadée, ils contactent les gendarmes, qui ne tardent pas à intervenir. Après plusieurs sommations ignorées – on ne dérange pas un homme en plein dialogue avec l’au-delà la porte est défoncée. Fin de la séance.
Miracle en panne, réalité brutale
Le pasteur et la mère sont interpellés, direction le poste de police. Mais que reprocher, en définitive, à Américain ? D’avoir trop cru ? D’avoir voulu pallier un système qui, pour certains, semble aussi impuissant que lui ? Le tribunal de Franceville tranche : pas de poursuite judiciaire, seulement un rappel à l’ordre. Pas de miracle, pas de crime.
Une tragédie aux allures de parabole
Cette affaire dépasse la simple excentricité d’un prédicateur. Elle met en lumière l’abîme dans lequel se trouvent des citoyens abandonnés entre pauvreté, croyances et institutions défaillantes. Quand aller à l’hôpital devient un luxe, la prière devient une thérapie, et la résurrection, un plan B.
Mais, soyons honnêtes : les vraies "résurrections" dont le pays a besoin ne viendront pas d’un pasteur en transe. Elles viendront d’un système de santé qui fonctionne, d’une meilleure éducation et d’un accès réel aux services de base. En attendant, la foi continue de combler les vides. Jusqu’au prochain miracle… ou jusqu’à la prochaine tragédie.
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