Ntoum, le 12 décembre 2024. Le Parti Démocratique Gabonais (PDG), autrefois hégémonique sur la scène politique gabonaise, continue de voir ses rangs être désertés. La dernière démission en date est celle d’Innocent Ondo Ovono, figure politique influente de Ntoum et proche lieutenant de l'ancien Premier ministre Julien Nkoghe Bekale. Cette annonce, perçue dans le département du Como-Mondah comme un nouveau revers pour le parti fondé par Omar Bongo en 1968, illustre les fractures internes qui rongent l’ex-parti des masses.
Un départ qui résonne fort à Ntoum
Innocent Ondo Ovono n’est pas un inconnu. Ancien 4ᵉ maire adjoint de la commune de Ntoum entre 2018 et 2023, ce natif de Bitam, dans le Woleu-Ntem, est devenu l’un des symboles du cosmopolitisme de cette ville située à une quarantaine de kilomètres de Libreville. Son ascension au sein du PDG, dans une localité marquée par des tensions identitaires, a souvent suscité des controverses. Certains de ses adversaires locaux lui reprochaient ses origines extérieures à Ntoum, freinant parfois ses ambitions politiques.
La récente relégation d’Ondo Ovono au 20ᵉ rang sur la liste des 23 conseillers PDG lors des élections locales d’août 2023, alors qu'il était quand-même maire sortant, aurait été l’un des déclencheurs de sa décision. Cette rétrogradation, considérée par ses proches comme une humiliation, aurait été orchestrée par certains cadres influents du parti, notamment le clan proche de l’actuelle ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume Leclercq, dont les rapports conflictuels avec Julien Nkoghe Bekale sont désormais officiels.
Une hémorragie politique au PDG
Cette démission intervient dans un contexte de turbulences majeures pour le PDG, déjà affaibli par des départs en série à travers le pays, depuis la chute du régime en 2023. Innocent Ondo Ovono, membre du conseil national du parti et responsable de la fédération « Gnamoro » du premier arrondissement de Ntoum, rejoint ainsi une longue liste de cadres ayant quitté le navire.
Des rumeurs persistantes évoquent également une possible démission imminente de Julien Nkoghe Bekale, ancien Premier ministre et mentor d’Ondo Ovono. Si cette hypothèse se confirme, elle pourrait bouleverser l’équilibre politique de Ntoum et amplifier les rivalités, voire l’effondrement du PDG dans ce département de la province de l'Estuaire.
Un avenir incertain pour l’ancien parti des masses
La désintégration progressive du PDG semble profiter au Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), qui attire désormais de nombreux anciens «camarades». Face à une population largement désillusionnée par les décennies de gouvernance du PDG, l’avenir du parti paraît sombre.
Les prochaines batailles politiques à Ntoum, et plus largement au Gabon, s’annoncent décisives. Si les démissions continuent à se multiplier, le PDG risque de perdre définitivement son statut de force majeure sur l’échiquier politique national. Une page semble se tourner pour l’ancien parti au pouvoir, autrefois synonyme de domination politique absolue.
Affaire à suivre.
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