(*) Par Emmanuel Marcos Zué Méyé Eyéné
Le dernier conseil des ministres aura été l'occasion d'adopter une mesure longtemps réclamée par les acteurs économiques nationaux. S'il est vrai que les observateurs de vie politique nationale constatent depuis des années l'existence des sujets tabous dans notre pays, notamment la question liée à la nationalisation de notre économie, il n'en reste pas moins qu'ils sont nombreux ces compatriotes qui n'ont jamais cessé de croire et de caresser ce rêve. La quatrième république avait réussi à en faire un sujet inabordable, une indécence pour ceux qui osaient en parler.
Tout le monde s'accordait à reconnaître les faits, mais personnes n'osait en parler. Tout le monde s'accordait à reconnaître la profondeur du mal, mais personne n'osait le dépouiller. Le risque de s'attirer les foudres du système en place au pouvoir dirigé en majorité par des étrangers, rendait impossible l'évocation de la nationalisation de notre économie. Un crime que de nombreux compatriotes ont payé par des emprisonnements, des menaces et des humiliations.
Nombreux sont ceux de nos compatriotes qui ont passé des nuits et des jours dans des geôles pour avoir osé réclamer des places dans les marchés. Pour avoir osé réclamer des parts de marchés ou des prestations dans des stations services, c'était des arrestations et des déferrement devant le procureur de la république. C'est dire que le ministre des PME et du Commerce vient de faire adopter en Conseil des Ministres une décision historique que de nombreuses organisations patronales saluent et félicitent.
Je suis partagé entre surprise et satisfaction. Rien dans un passé proche ne m'aurait préparé à une telle initiative du gouvernement. Je félicite le Ministre du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises. Je lui adresse toutes les bénédictions possibles. Je félicite également ses collaborateurs qui je le sais sont quotidiennement à l'œuvre pour créer le changement dans l'entrepreneuriat au Gabon. Cette jeune compatriote Ministre des PME et ses collaborateurs viennent de franchir un pas décisif pour l'entrepreneuriat au Gabon. La nationalisation des franges de notre économie semblait une cause perdue.
Le Président Brice Clotaire Oligui Nguéma en acceptant de signer ce décret démontre son patriotisme et sa détermination à prendre un virage au bénéfice du Gabon. J'ai encore en mémoire la sinistre immolation de mon neveu devant le commissariat Central pour une affaire de place qui se disputait entre les vendeurs Gabonais de friperie et les Nigérians il y a une dizaine d'années. J'ai encore dans ma mémoire l'image de ces nombreuses mères de familles déshabillées par les policiers toujours au Commissariat Central pour une affaire de places contre les étrangers. Comment je peux oublier le souvenir de ce jeune compatriote Armel Ferryse Ndjegou, torse nu menottes aux poignets traité comme un animal dans les bureaux de la direction de la sûreté urbaine au Komo en juillet 2022. Pour avoir revendiqué l'appropriation de la maison du Commerçant, ce jeune compatriote avait subi toutes les humiliations possibles par les forces de l'ordre. Qu'est qui peut me faire oublier ces trois nuits passées au Commissariat de Nkembo en 2012, avec mes compagnons de lutte sur instruction de Mistoul, pour avoir osé braver la société Colas afin que des compatriotes soient pris en sous-traitance dans les chantiers de l'époque. Il y a un an, mes compagnons et moi nous nous sommes attaqués sans soutien à la main-mise de la communauté Béninoise sur la gestion des stations services. Cette mesure Gouvernementale est un pas important dans la bonne direction et nous soutenons ce pas. Il y a encore des choses à faire, mais c'est déjà un début que nous devons tous soutenir.
J'adresse donc une sollicitation à Madame le Ministre pour qu'une réunion se tienne avec toutes les organisations patronales pour la mise en place des mécanismes d'exploitation et de suivi d'exécution de cette mesure."
(*) Président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises et industrie.
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