Le Gabon s’est réveillé sous le choc ce week-end, après l’annonce de la mort brutale de Johan Bounda, jeune second maître à la Marine nationale. Ce drame a pourtant pris des airs de tragédie bien rodée, avec son scénario usé jusqu’à la corde : des déclarations pompeuses, une enquête promise, et une justice qui, comme à son habitude, risque de s’égarer en chemin.
Le corps de Johan Bounda, retrouvé à l’Hôpital des armées, portait des traces de coups si évidentes qu’il aurait été difficile de les ignorer. Pourtant, dans un bel élan de retenue, les autorités parlent d’un « incident ». Le genre d’incident qui vous laisse tuméfié, brisé, et sans vie. Mais soyons sérieux, au Gabon, ce n’est pas une nouveauté : les « incidents » ont la fâcheuse tendance de se transformer en crimes sans coupables.
Mardi soir, le lieutenant-colonel Christian Ossimba est monté au front pour lire un communiqué des plus solennels. On y apprend que « l’enquête sera rigoureuse », que « la justice fera son travail », et que, bien sûr, « les droits humains sont au cœur des préoccupations ». Il fallait oser. Pourtant, si on en croit l’histoire récente, les enquêtes rigoureuses finissent souvent dans des tiroirs verrouillés, et les droits humains, eux, ont la vie dure sous certaines autorités.
Les internautes, eux, n’ont pas attendu les conclusions d’une enquête. Entre colère et résignation, beaucoup dénoncent une nouvelle bavure des forces de l’ordre. Les autorités, de leur côté, semblent jouer leur partition habituelle : promettre l’impensable pour gagner du temps.
Face à la colère grandissante, la ministre de la Défense nationale, Brigitte Onkanowa, a exhorté la population à « faire preuve de retenue ». Parce que visiblement, ce sont les citoyens qui risquent de compromettre l’enquête, et non un système judiciaire souvent accusé de partialité.
Dans le même communiqué le ministère de la Défense a annoncé la détention préventive et la traduction devant les juridictions militaires et civiles compétente des militaires incluent dans ce honteux crime. Il s’agit du Lieutenant Mista Steeve, du Lieutenant Lounbangoye Smith, de l’Adjudant-Chef major Reteno Ndiaye Auguste, du Sergent-chef major Migouanga Mboumba Marteli, du Sergent Ayangala Lambira Roli Octave, du Sergent Chef Onéyoué Evevi, du Sergent chef Missonmé Mebiame Joel et du Sergent Ducoup Steeve.
Pas suffisant, pour la clameur populaire qui exige qu’au delà des officiers et sous officiers impliqués dans les actes de torture à la direction générale des contre ingérence et de la sécurité militaire (DGCIM), les responsables de cette entité ainsi que le Général Ossima Ndong, soient demis de leurs fonctions et inculpés. Car, d’après plusieurs sources, c’est l’officier général, actuel secrétaire général du ministère de la Défense, qui aurait donné l’ordre de torturer le second maître à la Marine nationale.
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