La Russie a signé des accords de coopération nucléaire avec 18 pays africains mais seulement l’Egypte seul qui a réussi à construire une centrale nucléaire civile grâce à des financements venants des pays arabes. Pour le reste c’est le fiasco.
Face aux annonces spectaculaires qui ont été faites sur la construction d’infrastructures civiles nucléaires, la structuration d'une telle filière au Niger fait en réalité face à des obstacles majeurs :
- La structuration du réseau électrique : Les infrastructures actuelles du Niger, comme celles de la plupart des pays sahéliens, ne permettent pas d’intégrer en l’état l’énergie produite par une centrale nucléaire conventionnelle ou même par de petits réacteurs modulaires (SMR). Les capacités de transmission et de distribution sont clairement insuffisantes pour accueillir de tels volumes et garantir l’équilibre du réseau.
- La question du financement et coût : Le modèle utilisé en Égypte pour la construction de la centrale d’El-Dabaa (financée à 85% par prêt russe, coût total 29 milliards de dollars) n'est pas adapté au Niger dont le budget annuel est inférieur à 3 milliards de dollars (pour 2025) et dont le PIB s'élevait à 19,5 milliards d'euros en 2025. Par ailleurs, alors que la junte peine à payer les fonctionnaires et surtout les FDS, il parait impensable de mettre en oeuvre un programme aussi couteux pour l'Etat. Le recours au nucléaire implique des investissements massifs, assortis d’un risque élevé de dépendance financière de longue durée vis-à-vis du partenaire étranger.
- Le manque de compétences techniques : Les compétences requises pour concevoir, exploiter et réguler une filière nucléaire manquent cruellement au Niger, comme partout dans la région. Quelques programmes de formation, essentiellement à l’étranger, sont évoqués dans les déclarations qui ont suivi la visite du ministre russe de l’énergie à Niamey, mais le déficit d’ingénieurs, d’autorités de sûreté robustes et de main-d’œuvre qualifiée ne pourra être comblé qu’en une ou deux générations.
Si les ambitions sont grandes, il faut donc rester prudent quant à la réalisation d'un tel programme. Derrière ces effets d'annonces, il ne faut pas oublier que l'intérêt pour Moscou est surtout de sécuriser des approvisionnements en uranium en attribuant des permis miniers à Rosatom, plutôt que de bâtir une filière nucléaire civile efficace. Un tel partenariat est donc gagnant à court terme pour les Russes et incertain pour le Niger car le développement effectif de capacités nucléaires civiles dans le pays, s’il se réalise un jour, ne verrait pas le jour avant des décennies. Pour répondre à des besoins énergétiques immédiats, les énergies renouvelables (solaire, éolien) sont plus adaptées, plus faciles à mettre en oeuvre, immédiatement disponibles et financièrement plus accessibles.
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