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Mairie de Libreville : les agents municipaux en ont marre des promesses et des décrets oubliés

IMG Le bureau du Sylaml lors de la conférence de presse.

C’est la crise à la mairie de Libreville. Les agents municipaux, lassés des promesses vides et des réformes jamais appliquées, ont décidé de prendre la parole. Et, comme un certain art de la politique gabonaise l’a démontré à maintes reprises, quand ça chauffe, il est préférable de ne pas attendre la pluie… surtout quand on est déjà trempé jusqu’aux os.

 

Jeo-Fred Madouta, président du Syndicat des agents municipaux de Libreville (Sylaml), n’a pas mâché ses mots lors d'une conférence de presse qui sentait la poudre. "L’administration actuelle est une copie conforme de celle de Christine Mba Ndutume", a-t-il fustigé. Une déclaration qui, pour le coup, n’a pas du tout surpris les observateurs habitués aux lenteurs administratives et aux compromis derrière les bureaux bien chauffés.

 

Les raisons de ce mécontentement ? Un cocktail explosif. D’un côté, les décrets n°414/PR/MFRA/MBC et n°404/PR/MFRA/MBC du 21 août 2015, qui visent à réviser les salaires des agents municipaux. Ces décrets sont, selon Madouta, la clé de la réforme salariale tant attendue. Mais voilà, à part quelques tampons administratifs, ces décrets sont aussi inutiles qu'un parapluie dans un désert. Résultat : 5 milliards de francs CFA de réformes promises, mais toujours pas d'augmentation en vue. Comme un mirage dans le désert.

 

Mais les salaires ne sont pas les seuls sujets de mécontentement. Le contrat de bail entre la mairie et un certain Mavikana Mamoudzou, gestionnaire de l’économat municipal, est aussi dans le viseur. Ce contrat, qualifié de "boulet financier", est devenu la nouvelle pierre d’achoppement de l’administration locale. On aurait cru qu'il s’agissait d’un bail entre la mairie et un marchand de sable. Le seul problème, c’est qu’au lieu d’être paisible, ce contrat semble étouffer la mairie.

 

Et puis il y a cette commission consultative dont on n'entend plus parler. Chargée de réformer les textes réglementaires de l’administration municipale, elle a disparu aussi soudainement qu’un colis qui s’égare dans un service de livraison. En somme, les réformes promises sont aussi inexistantes que la volonté de réforme des personnes en charge.

 

Mais le plus intéressant dans cette histoire, c’est sans doute la position du Sylaml. Plutôt que de jouer les opposants ou les simples contestataires, Jeo-Fred Madouta et ses camarades se positionnent comme des "lanceurs d’alerte". Parce qu'après tout, pourquoi se contenter de critiquer quand on peut être le messager des vérités oubliées dans les tiroirs poussiéreux de la mairie ?

 

"Nous ne sommes ni adversaires ni concurrents du délégué spécial", a expliqué Madouta, visiblement conscient que l’art de la politique locale réside parfois dans la subtilité des alliances. À croire que le Sylaml joue à un jeu de stratégie où les intérêts des agents municipaux se croisent avec ceux des politiques... jusqu’à ce qu’ils se heurtent à un mur d’inertie.

 

Et pour ne pas laisser place au doute, le Sylaml a annoncé des actions concrètes : une tournée des arrondissements les 9, 10 et 11 décembre pour "sensibiliser" les agents municipaux, suivie d’une grande assemblée générale le 13 décembre. Si ce n’est pas du militantisme, cela y ressemble en tout cas. Les agents municipaux de Libreville semblent avoir trouvé une nouvelle devise : "Nous attendons, mais pas trop longtemps". Car comme le dit le proverbe, "les promesses n’engagent que ceux qui y croient". Et à Libreville, les agents municipaux commencent sérieusement à se demander si les réformes sont réellement dans les cartons ou simplement... dans les rêves des dirigeants. Les prochaines semaines pourraient bien trancher cette question.

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