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Economie

« Le remboursement de la dette absorbe plus de ressources publiques que les secteurs vitaux comme la santé ou l’éducation… »

IMG Ike NGOUONI AILA OYOUOMI, Président d’AILA, cabinet de conseil stratégique

 (*) Par Ike NGOUONI AILA OYOUOMI

 

« Lorsque des experts économiques de premier plan comme Joseph Stiglitz et Martín Guzmán unissent leur voix à celle d’acteurs moraux mondiaux comme le Vatican pour appeler à une réforme profonde de la dette des pays en développement, il n’est plus temps d’écouter. Il est temps de répondre. Le rapport Jubilé, publié ce 20 juin 2025, n’est pas un cri de plus. C’est une interpellation éthique, politique et historique.

 

Il ne s’agit pas de plaider pour un effacement simple et absolu. Il s’agit de justice. De cohérence. D’un regard lucide sur le poids écrasant que représente, pour nombre d’États africains, une dette contractée sans contrepartie de croissance inclusive ni de transformation structurelle.

Car il faut le dire sans ambages : dans bien des pays d’Afrique centrale, le remboursement de la dette absorbe plus de ressources publiques que les secteurs vitaux comme la santé ou l’éducation. Ce n’est pas une fatalité économique. C’est un choix politique. Et nous devons, collectivement, en changer la donne.

 

Une région à la croisière des déséquilibres

 

L’Afrique centrale est la région d’Afrique qui a le moins bénéficié des initiatives d’allègement de la dette, alors même que ses États sont parmi les plus exposés aux chocs exogènes : volatilité des prix du pétrole, faible diversification, poids des dépenses sécuritaires, failles de gouvernance.

 

La dette y est souvent opaque, parfois illégitime, presque toujours peu productive. Le citoyen ne voit pas, dans son quotidien, la trace des milliards contractés en son nom.

 

Il est temps de proposer autre chose : une approche collective, une responsabilité partagée, un cadre de transparence.

 

Le Gabon, pour une diplomatie de la justice financière

 

Notre pays n’échappe pas à la dynamique régionale. La dette publique y avoisine 63 % du PIB, avec un niveau de service de la dette qui pèse lourdement sur le budget de l’État. Et pourtant, le Gabon dispose d’atouts pour agir autrement : une administration fiscale modernisée, un environnement institutionnel stable, une voix diplomatique respectée.

Nous pouvons et devons :
– publier un audit complet et annuel de notre dette ;
– encadrer juridiquement les futurs emprunts d’État ;
– engager un véritable débat parlementaire et citoyen sur les options de refinancement ou de renégociation ;
– proposer l’organisation, à Libreville, d’une Conférence régionale sur la dette, en amont du sommet international de Séville.

 

Souveraineté retrouvée, confiance restaurée

 

Ce que propose le rapport Jubilé n’est pas une aumône. C’est un nouveau pacte. Il ne dispense pas les dirigeants africains de rendre des comptes. Il les y oblige.

Saisir cette occasion, ce n’est pas se déresponsabiliser. C’est assumer pleinement le devoir de construire une souveraineté financière responsable. Une souveraineté qui permet de rediriger les ressources vers les enfants, les hôpitaux, les infrastructures, les territoires.

Notre continent n’est pas condamné à mendier. Il est appelé à redéfinir les règles du jeu.

En tant que citoyen, ancien responsable public et acteur engagé, je suis convaincu que le temps est venu de faire de la question de la dette un levier de réforme, de débat et de dignité.

Et si le Gabon choisissait d’en faire un combat national ?

  • Ike NGOUONI AILA OYOUOMI est consultant en stratégie, fondateur du cabinet AILA, spécialisé dans le conseil aux dirigeants et la conduite du changement.
  • Diplômé en communication et management public, il a exercé au sein de la présidence de la République gabonaise en tant que haut responsable de la communication institutionnelle, après une expérience dans le secteur bancaire et les collectivités locales en France.
  • Il accompagne aujourd’hui des entreprises et des institutions en Afrique centrale sur les enjeux d’influence, de leadership et de gouvernance.

 

(*)Président d’AILA, cabinet de conseil stratégique

 

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