C’est une prouesse digne d’un tour de magie postale : des employés sans salaire, des bureaux de poste ouverts mais désertés, des clients errant à la recherche d’un service inexistant… Bienvenue à La Poste S.A, où l’art de la disparition semble être la seule activité encore florissante !
Lundi 3 février, les agents de La Poste S.A, fatigués d’attendre un miracle qui ne vient jamais, ont décidé de rompre leur vœu de silence. Réunis au sein du Syndicat national de La Poste (Synaposte), ils ont opté pour une grève illimitée, histoire d’attirer l’attention sur un problème aussi ancien que récurrent : l’absence d’un calendrier de paiement des salaires. Ironie du sort, ceux qui assurent la transmission du courrier sont eux-mêmes livrés à l’incertitude, recevant leur rémunération à des dates aussi aléatoires qu’une connexion internet en pleine saison des pluies.
Mais ce n’est pas tout. En plus des comptes bancaires faméliques, les agents dénoncent un autre scandale : la lente agonie d’une entreprise qui fut autrefois un pilier du service public. À force de négligence et d’inaction, La Poste S.A est devenue une coquille vide où les rares usagers qui s’y aventurent se demandent s’ils ne sont pas tombés dans un musée de l’administration des années 80. Les machines sont hors service, les colis se perdent dans des limbes inconnus, et le service client… eh bien, il se cherche encore.
Le gouvernement, ce grand ventriloque
Face à cette situation, les autorités font preuve d’une stratégie bien rodée : le silence absolu, agrémenté de vagues promesses aussi solides qu’un timbre mouillé. Pourtant, La Poste S.A n’est pas une start-up en faillite ni une boutique de quartier qui ferme faute de clients. C’est un service public essentiel, censé garantir des prestations de base aux citoyens. Mais visiblement, dans les hautes sphères décisionnelles, l’avenir de La Poste S.A pèse autant qu’une enveloppe vide.
Ce n’est pas la première fois que le personnel hausse le ton. À chaque crise, on assiste au même spectacle : une série de réunions « urgentes », un communiqué d’apaisement rédigé à la hâte, et une poignée de responsables feignant la surprise. Ensuite, tout retombe dans l’oubli, jusqu’à la prochaine explosion sociale. Et pendant ce temps, les agents, eux, jonglent entre dettes et loyers impayés, transformant la fin du mois en un véritable parcours du combattant.
Un service public en voie de privatisation clandestine ?
Certains observateurs murmurent que cette dégradation progressive n’est peut-être pas fortuite. Et si l’objectif était de faire de La Poste S.A un cas désespéré, afin de justifier une privatisation en douce ? Un scénario qui n’étonnerait personne, tant il est devenu courant de voir les entreprises publiques se déliter avant d’être vendues à bas prix à des investisseurs providentiels. Après tout, quoi de mieux qu’un naufrage organisé pour légitimer l’arrivée de nouveaux capitaines ?
En attendant, la grève illimitée est lancée et risque d’accentuer la paralysie d’un service déjà à l’agonie. Reste à savoir si le gouvernement prendra enfin ses responsabilités ou s’il laissera La Poste S.A continuer sa métamorphose en monument funéraire du service public. Une chose est sûre : dans cette affaire, ce ne sont ni les employés ni les usagers qui signent les chèques, mais ce sont bien eux qui paient la facture.
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