Après avoir brillamment remporté une élection présidentielle à un seul tour à 94,85 %, s’il vous plaît Brice Clotaire Oligui Nguema s’apprête à monter les marches du pouvoir, cette fois par la grande porte, le tapis rouge et sous les vivats populaires, au stade d’Angondjé. Une première dans l’histoire gabonaise : la République invite ses enfants à venir applaudir leur nouveau père.
Il faut dire que tout s’est déroulé avec une précision militaire, ce qui tombe plutôt bien pour un général. L’élection du 12 avril, organisée dans le calme (au sens littéral du terme, tant les voix discordantes semblaient anesthésiées), s’est soldée par un triomphe presque biblique. Initialement crédité de 90,35 %, le futur Président a bénéficié d’un petit réajustement technique comprenez une rectification d’erreur de calcul qui l’a propulsé à un modeste 94,85 %. Comme quoi, même les mathématiques reconnaissent le charisme des hommes forts.
Le ministre de l’Intérieur, visiblement inspiré par l’esprit olympique, a donc transmis le flambeau à la Cour constitutionnelle pour la suite du cérémonial. Là aussi, pas de surprise : son président, Dieudonné Aba’a Owono, saura trancher en toute indépendance.
Quant aux adversaires du scrutin, ils semblent aussi enthousiastes que les partisans du vainqueur. Alain-Claude Bilie-By-Nze, ex-Premier ministre et éternel gentleman, a poliment décliné l’invitation à contester les résultats. Il faut croire que lorsqu’on perd avec panache, on gagne en dignité. D’autres candidats ont choisi la voie de la sagesse républicaine : celle des félicitations officielles. Il faut dire qu’en période de transition, il vaut mieux être du bon côté de l’histoire… et de la table de banquet.
C’est donc le peuple tout entier, ou du moins celui qui passera les portiques de sécurité du Stade d’Angondjé, qui est convié à ce grand moment de communion nationale. Une investiture populaire, un show d’État, un sacre républicain. Entre chants, drapeaux et discours millimétrés, Brice Clotaire Oligui Nguema prêtera serment devant la Cour constitutionnelle, sous l’œil bienveillant de la Nation, et des caméras.
Ainsi se tourne la page de la Transition, commencée le 30 août 2023. Une parenthèse militaire refermée avec élégance et fermeté. Place à la Ve République, qui commence — comme toute bonne république africaine par un plébiscite. Mais n’y voyez surtout pas une répétition de l’histoire. Non, ici, c’est du « nouveau », version repackagée, avec hymne, logo, et promesse de refondation. Rendez-vous donc le 3 mai. Le peuple aura ses gradins. Le président, son trône.
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