Ah, le Gabon, terre de richesses ! On y trouve de tout, du pétrole à la forêt vierge… sauf de l'eau potable au robinet. Et pourtant, notre chère SEEG a de quoi nous inspirer une fierté nationale : qui d’autre pourrait oser demander des paiements mensuels pour un service qui apparaît aussi souvent qu’une étoile filante ?
Au Gabon, l'eau potable est devenue un luxe, un rêve à la fois visible et inaccessible. Les robinets ? Une roulette russe. Tantôt ils coulent, tantôt ils ne coulent pas, et quand ils se décident enfin, c’est pour livrer une eau qui varie du jaune poussiéreux au brun mystère. Mais ne vous inquiétez pas, chers Gabonais, vous payez toujours plein tarif !
Car oui, notre chère SEEG a su se dépasser en matière d’inventivité. Le Gabon est sans doute le seul pays au monde où les foyers payent des factures d’eau, puis achètent de l’eau en bouteille… pour boire, le premier servant juste à remplir les cuvettes. Les foyers du pays se transforment en véritables entrepôts de palettes d'eau minérale, si bien que certains commencent à envisager de louer une pièce à bouteilles pour compléter la cuisine.
Mais l'innovation ne s'arrête pas là ! Dans l’ombre des robinets secs, un marché parallèle de l'eau a vu le jour. Des camionnettes de fortune circulent dans Libreville avec des cuves remplies d'eau, prêtes à étancher la soif de ceux dont les robinets n’ont pas vu la moindre goutte depuis des jours. Ces nouveaux "livreurs de l'eau" ont un flair entrepreneurial inégalé. Grâce à eux, la course pour remplir un seau est devenu l’activité tendance de la capitale ! Certains habitants engagent même de jeunes Gabonais pour qu’ils sillonnent la ville en quête de quelques litres d’eau, dignes explorateurs du XXIe siècle, armés de bidons et d'une carte des quartiers miraculeusement approvisionnés.
Et que dire des files d’attente devant les agences SEEG à la fin de chaque mois ? Des centaines de citoyens, factures à la main, patientent religieusement pour payer un service qui tient plus de la promesse que de la réalité. "On paye avec espoir," nous confie un client assidu, "le mois prochain, peut-être que l'eau arrivera vraiment chez moi." Une véritable leçon de foi pour nous tous, car en matière de dévotion, nos amis de la SEEG n'ont rien à envier aux gourous spirituels.
Peut-être pourrions-nous suggérer une prime de loyauté aux clients fidèles de la SEEG ? Un programme de récompenses, avec des points cumulables à chaque facture payée sans service réel. Accumulez assez de points et vous gagnez… une bouteille d'eau minérale gratuite ! La SEEG pourrait aussi envisager un "Forfait Privilège" : pour les clients haut de gamme, une distribution aléatoire d'eau garantie trois fois par semaine. Un luxe, mais qui pourrait bien trouver ses amateurs parmi les plus désespérés.
Et pour couronner le tout, pourquoi ne pas célébrer cette saga nationale par une Journée Nationale du Robinet ? Les Gabonais pourraient allumer une bougie à côté de leur robinet et prier pour que l’eau jaillisse, juste une fois. Et si cela ne fonctionne pas, nous pourrons toujours proposer un monument en l’honneur de l'eau invisible du Gabon : une sculpture de facture SEEG, bidon à la main, bouteille d'eau dans l'autre, symbole de la persévérance d’un peuple prêt à payer deux fois pour un même service.
Au final, l’eau est un trésor, un bien précieux. Et comme tout trésor, il se mérite. La SEEG l’a bien compris : au Gabon, rien ne se fait sans patience, ni sans humour, même quand il s’agit de l’élément le plus basique. Peut-être qu’un jour, l’eau coulera à nouveau en abondance, et les robinets retrouveront leur utilité. En attendant, levons nos bouteilles… et trinquons à l'ingéniosité gabonaise !
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires