Il fut la voix murmurée dans les couloirs du pouvoir, le regard silencieux derrière les fauteuils dorés du Palais du bord de mer, l’homme de confiance qui savait tout… mais disait peu. Aujourd’hui, Étienne Massard Kabinda Makaga, l’ancien ministre des Affaires présidentielles, jadis qualifié de "bras droit du bras droit", est devenu simple conseiller technique au ministère des Eaux et Forêts. Ironie de l’histoire : le lion de la République vient d’être affecté à la faune.
Le Conseil des ministres du 20 juin 2025, désormais surnommé par certains hauts-fonctionnaires comme "le tribunal de liquidation des reliques bongistes", a scellé le sort de celui qui tenait naguère le carnet des secrets d’Ali Bongo Ondimba. Ce recyclage institutionnel, à peine masqué sous un vernis technocratique, en dit long sur la volonté du général-président Brice Clotaire Oligui Nguema de ne pas simplement tourner la page, mais de la déchirer proprement.
Car soyons clairs : on ne passe pas de la Défense nationale à la défense des éléphants sans y voir un signal. Il s’agit moins ici de remerciements pour services rendus que de mesures d’éloignement sanitaire. Et si certains évoquent une expertise environnementale issue de son passage à l’AGEOS, d’autres, plus lucides, notent que cette nomination sent le placard climatisé à l’ombre des feuillus.
Ce geste du pouvoir n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une stratégie méticuleuse de dé-Bongolisation de la haute administration. Le nouveau régime ne veut pas seulement éradiquer les mauvaises habitudes, il veut effacer les visages, les voix, et même les parfums de l’ancien ordre. Et pour cela, quoi de mieux que de confier à ses anciens piliers des missions silencieuses dans des ministères où l’actualité passe rarement ?
Étienne Massard devient ainsi l’exemple vivant (ou survivant) de cette politique de la reconversion punitive : on ne vous juge pas coupable, mais on vous fait comprendre que votre tour est passé. En clair, l’ancien système est prié de mourir en silence, pendant que le nouveau s’applique à le réécrire à coups de nominations symboliques et de mises à l’écart calculées.
Reste à savoir si le conseiller technique saura apprivoiser ses nouveaux collègues : les arbres, les rivières, les rangers, et peut-être les gorilles. En tout cas, pour les sceptiques du régime, ce n’est pas encore la fin de la transition, mais c’est bien la fin de la récréation pour les barons de l’ancien monde.
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