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Deux semaines de grève à Satram : les revendications des agents toujours sans réponse

IMG Les agents excédés revendiquent le paiement de leurs salaires.

Si vous pensiez que le travail libère, bienvenue chez Satram, la seule entreprise au monde où l’on vient bosser la peur au ventre et le ventre vide. Ici, les salariés n’attendent plus leur salaire : ils ont appris à vivre sans. Mieux encore, ils ont développé une capacité rare à produire de la richesse pour une entreprise qui, en retour, leur offre... le mépris comme prime de rendement.

 

Depuis deux semaines, ils campent sur le quai comme des naufragés de la République. Leurs tentes ? Des cartons humides. Leur repas ? Des prières. Leur musique ? Les soupirs étouffés de familles affamées. On dirait presque une performance artistique sur la précarité moderne, mais hélas, c’est bien réel.

 

Le miracle Satram : faire tourner une entreprise sans payer les gens

À Satram, on a compris le secret de l’efficacité : couper les salaires, supprimer les congés, ignorer les maladies et oublier les cotisations. Le rêve de tout patron néolibéral ! On atteint ici un tel niveau d’absurdité qu’il serait presque tentant de proposer le modèle Satram au prix Nobel de l’économie : « Comment faire du chiffre d’affaires avec du personnel zombifié ? »

 

La Direction, elle, nage dans une autre dimension. Elle recrute, elle se promeut, elle s’offre des privilèges en or... Pendant ce temps, les anciens employés sont expulsés de leurs logements pour loyers impayés, leurs enfants déscolarisés, leurs épouses désespérées. Et quand ils osent lever la voix, on menace de les « mâter » avec les forces de l’ordre. Heureusement que la justice locale a encore un peu de bon sens ou de décence.

 

Un gouvernement aux abonnés absents

Du côté de l’État, le silence est royal. On ne voit ni ministre des Transports, ni ministre du Travail, ni même un sous-préfet charitable. Peut-être sont-ils trop occupés à peaufiner le prochain slogan de la "Gabonisation des souffrances". Même l’Inspecteur du travail, envoyé en mission de Libreville, est reparti avec plus de questions que de réponses, après avoir assisté à une prestation mémorable du Directeur général : arrogance, moqueries et mauvaise foi en trois actes.

Quant au président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguéma, il a été interpellé nommément. Mais comme souvent dans notre République, il faut d’abord que le sang coule ou qu’un drame frappe en direct sur Facebook pour que l’on découvre que l’État a des oreilles.

 

Satram : ou comment tuer des Gabonais à petit feu sans jamais tirer une balle

Ce n’est plus une entreprise, c’est une zone sinistrée. Une machine à broyer l’humain avec une élégance bureaucratique. Et pourtant, tout le monde laisse faire. On appelle ça la résilience dans les communiqués officiels. Mais ici, ça s’appelle l’abandon pur et simple.

Pendant ce temps, les grévistes tiennent. Ils dorment sur le béton. Ils s'accrochent à une dignité que personne ne leur reconnaît plus. Et ils espèrent, encore. Mais espérer quoi, quand l'État regarde ailleurs, quand le patron se moque, et quand la société entière semble dire : "Débrouillez-vous, on a d'autres chats à fouetter" ?

 

Satram, symbole d’un Gabon où les travailleurs sont bons... à enterrer

Satram, c’est l’illustration parfaite du Gabon d’aujourd’hui : une minorité qui s’enrichit sans scrupule, pendant que la majorité s’effondre dans l’indifférence. Une République où les héros sont ceux qui survivent à leur propre emploi. Où le travail ne paie pas, sauf pour ceux qui ne le font pas. Alors, chers décideurs, continuez de regarder ailleurs. Mais rappelez-vous ceci : une marée monte toujours. Et celle de la colère, elle, ne connaît ni marée basse, ni accalmie.

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