Les brebis de l’église Schekina et leur berger, le pasteur Louis Mbadinga, ont désormais les yeux rivés sur le tribunal de Libreville. C’est là, le 23 décembre prochain, que sera tranchée l’affaire du décès tragique du petit Daniel Kilian Boussougou, un garçonnet dont la vie s’est mystérieusement éteinte dans l’enceinte même de ce temple réputé pour ses campagnes évangéliques spectaculaires.
À Owendo, l’indignation est à son comble. Sur les réseaux sociaux, les internautes ont rivalisé d’inventivité pour dénoncer l’omerta entourant ce drame. Mais où sont passés les grands slogans de l’église, ceux qui remplissent habituellement leurs affiches, comme « La Grande nuit du retour à l’envoyeur » ? Peut-être auraient-ils dû organiser une « Nuit des aveux et de la vérité ».
Non seulement le décès du petit garçon n’a fait l’objet d’aucune déclaration officielle, mais l’église, si prompte à se mettre en scène pour glorifier des miracles douteux, s’est murée dans un silence aussi suspect qu’inquiétant. Silence qui a conduit la grand-mère de l’enfant à porter l’affaire devant la justice, bien décidée à forcer la lumière dans cette sombre histoire.
Le ministère public, lui, n’a pas fait dans la demi-mesure : deux mois de prison ferme pour le diacre Michel Ogoumba, jugé responsable d’homicide involontaire, et trois mois avec sursis pour le pasteur en chef, pour sa gestion pour le moins opaque. De quoi laisser songeur sur la rigueur morale des responsables d’un lieu de culte censé prêcher l’amour et la vérité.
Mais ce procès dépasse le cas Schekina. Il met en lumière la prolifération de ces églises où la foi se monnaye à coup de miracles et où les pasteurs, autoproclamés prophètes ou apôtres, prospèrent dans une jungle spirituelle sans contrôle. Peut-être serait-il temps pour les nouvelles autorités de mettre un peu d’ordre dans ce marché divin, où les âmes se vendent souvent plus cher qu’elles ne se sauvent.
Les fidèles prient. Pas forcément pour la vérité, mais pour que leur berger échappe à la prison. Une prière qui pourrait bien rester sans réponse, à moins d’un ultime miracle de dernière minute… ou d’une indulgence divine de la part du tribunal
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