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Affaire Hervé Patrick Opiangah : l’UDIS lance une salve virulente contre les magistrats

IMG Des militants de l’UDIS, dont la secrétaire permanente Cynthia Lays Amorissani.

Il y a des moments dans la République où le Code pénal semble se transformer en parchemin mystique : consulté, brandi, bafoué, puis relu selon les besoins. C’est exactement ce que dénonce l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (UDIS), qui vient de lancer une salve virulente contre les magistrats en charge de ce que le parti appelle désormais « l’affaire d’État Opiangah ».

 

Pour résumer : leur président, Hervé Patrick Opiangah, homme d’affaires, dirigeant sportif et figure politique controversée, est poursuivi pour des faits de viol sur mineure et d’inceste. Une procédure pénale grave, qui selon le Code pénal gabonais (articles 273 et 275), entraîne des peines sévères… à condition qu’on respecte les procédures. Et c’est là que le bât blesse.

 

Le droit pénal, version puzzle incomplet

L’UDIS affirme que l’affaire est juridiquement viciée : absence de plainte au moment des poursuites (art. 49 et 55 CPP), incohérences dans les déclarations de la plaignante, absence d’éléments matériels et violation du principe fondamental de la présomption d’innocence (art. 9 du Code de procédure pénale).

 

Mais surtout, le parti dénonce un fait sidérant : les poursuites auraient été ouvertes avant même que la plainte ne soit déposée. Un détail ? Non. Un vice de procédure majeur dans toute démocratie respectueuse de l’État de droit. Mais ici, visiblement, le calendrier judiciaire n’obéit pas à l’agenda républicain, mais à des logiques moins orthodoxes.

 

Dans toute procédure normale, un procureur agit in rem (sur les faits), à partir d’un signalement, d’une plainte ou d’une enquête préliminaire. Ici, selon les documents produits par l’UDIS, le maître des poursuites aurait agi dans un vide juridique aussi profond que suspect. Une plainte post-datée, des auditions divergentes, et surtout un empressement curieux à écarter la demande de non-lieu. À croire que le Code pénal, dans sa version Opiangah, a subi une réécriture clandestine. Peut-être une « ordonnance de l’ombre » ?

 

Quand les juges prêtent serment… en option

L’UDIS, qui convoque désormais l’opinion publique dans la rue, s’en prend directement aux juges. Une attaque frontale, risquée certes, mais révélatrice d’une frustration grandissante : « Vous avez prêté serment de juger avec humanité, équité et indépendance. Mais quelle indépendance y a-t-il quand les décisions sont aussi prévisibles qu’un match truqué ? », lance le communiqué, avec une ferveur presque religieuse.

 

Mais en réalité, ce que pointe cette affaire, au-delà d’Opiangah, c’est la perméabilité du droit pénal aux rapports de force politiques et sociaux. Car il faut bien le dire : combien de Gabonais ordinaires peuvent espérer, dans une affaire de cette ampleur, bénéficier d’autant d’auditions publiques, de recours, d’appels aux chefs d’État et même de manifestations populaires ?

 

Un procès, ou une purge ?

En fond de scène, c’est une question bien plus vaste qui surgit : Opiangah est-il jugé pour ses actes ou pour sa posture politique ? Est-il accusé par la justice ou condamné d’avance par un système qui l’a déjà désigné comme persona non grata ? Car il ne faut pas oublier qu’avant l’affaire judiciaire, le personnage était devenu gênant dans plusieurs cercles.

Le Code pénal, lui, n’est ni rouge ni bleu. Il ne fait pas de politique. Il encadre les libertés, protège les victimes et accuse avec rigueur. Du moins, sur le papier. Dans la pratique, on l’interprète parfois comme un texte sacré dont seuls les initiés peuvent manipuler les versets à volonté.

L’affaire Opiangah ne dit peut-être rien de nouveau sur le Gabon, mais elle dit tout de ce qu’il reste à construire : une justice qui fonctionne sans costume, sans drapeau, sans vengeance. Et surtout, une justice qui respecte l’article 1 du Code pénal : « Nul ne peut être poursuivi, arrêté ou jugé que dans les cas prévus par la loi… et selon les formes qu’elle prescrit. » Sauf, bien sûr, si l’on décide un jour d’écrire un Code Opiangah, à part entière.

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