La controverse entourant la détention de Sylvia et Noureddin Bongo, figures emblématiques de l'ancien régime gabonais, prend une nouvelle tournure. Alors que le procureur de la République de Libreville affirme que leurs conditions de détention respectent les normes légales, les avocats de la défense dénoncent des "allégations mensongères" et une instrumentalisation de la justice.
Vendredi soir, lors d’une déclaration télévisée sur Gabon 1ère, le procureur Bruno Obiang Mve a affirmé que Sylvia et Noureddin Bongo "n’ont jamais été torturés" et que les droits de la défense avaient été respectés. Une déclaration qui, selon lui, repose sur la rencontre récente entre les avocats François Zimeray, Catalina de la Sota et leurs clients.
Pourtant, les avocats dénoncent une réalité bien différente : "Nous sommes sous le choc de ce que nous avons vu. Cette détention arbitraire repose sur une mise en scène et des droits constamment bafoués depuis 17 mois," affirment-ils dans un communiqué cinglant.
Un climat de défiance généralisée
Les déclarations des avocats mettent en lumière un problème plus large : la crédibilité de la justice gabonaise, déjà mise à mal par des décennies d'accusations de corruption et d’instrumentalisation politique. Dans ce contexte, l’affaire Bongo illustre un conflit d’intérêts où l’image du pouvoir de transition semble primer sur une réelle quête de justice.
Les accusations portées contre Sylvia et Noureddin Bongo corruption, détournements de fonds publics, blanchiment de capitaux sont certes graves, mais leur traitement judiciaire pose question. Le caractère spectaculaire de ces poursuites et la communication savamment orchestrée autour de leur détention laissent planer le doute sur l’équilibre entre justice et propagande politique.
La mémoire d’un régime contesté
La chute de la famille Bongo, après 55 ans de règne sans partage, a été saluée par une large partie de la population comme une rupture avec la mauvaise gouvernance et la corruption massive. Toutefois, la transition qui a suivi semble emprunter des méthodes similaires, alimentant une frustration croissante au sein de l’opinion publique.
En février dernier, des sources diplomatiques françaises avaient indiqué "ne pas avoir connaissance" des traitements dégradants ou actes de torture allégués, tout en confirmant des visites consulaires. Mais ces éléments suffisent-ils à dissiper les soupçons d’irrégularités ?
Vers une instrumentalisation de la justice ?
L’annonce par les avocats de "révélations inédites et précises" à venir relance les spéculations. S’agit-il d’une stratégie de défense face à un dossier accablant, ou de preuves réelles d’abus systématiques?
Dans un Gabon en quête de stabilité, cette affaire pourrait devenir un test décisif pour le gouvernement de transition. Sera-t-il capable de démontrer que la justice n’est pas seulement un outil de vengeance politique, mais un pilier impartial et crédible de la reconstruction nationale ? En attendant, l’opinion publique reste divisée, partagée entre la soif de vérité et la méfiance envers des institutions toujours marquées par les travers du passé.
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