C’est à croire que l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa) a changé de slogan : « Préserver la santé des consommateurs… ou des entreprises ? ». Jeudi 19 décembre, l’agence a levé à la hâte les sanctions imposées au groupe Foberd Gabon, pourtant épinglé il y a deux semaines pour avoir mis en vente des produits périmés, dont des sodas Coca-Cola, comme s’il s’agissait de bouteilles millésimées.
Le communiqué, signé par l’ex-directeur général Anatole Kabounou Onkoni quelques heures avant son limogeage, se veut rassurant : les produits incriminés ont été détruits, et des « mesures correctives » ont été prises. Mais, entre nous, qui croit encore à ces formules creuses ? Aucun détail n’a filtré sur ces fameuses mesures. Sans doute une manière élégante de dire : « Circulez, il n’y a rien à voir ! »
Quand la sanction devient promotion
Chez Foberd Gabon, on doit sabrer… les sodas périmés ! Qu’importe les infractions révélées, l’entreprise a été blanchie plus vite qu’une chemise à la Javel. À croire qu’au Gabon, frauder la santé publique est une voie royale vers l’exonération express.
Mais le summum du théâtre a été atteint en Conseil des ministres, avec le limogeage d’Anatole Kabounou Onkoni, remplacé par Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, ancien président du conseil d’administration de l’Agasa. Oui, vous avez bien lu : celui qui supervisait l’agence lorsque les scandales éclataient est promu à sa tête. Chez nous, le conflit d’intérêts semble être une compétence clé pour gravir les échelons.
La santé publique, grande oubliée
Pendant que l’Agasa protège les géants économiques, les consommateurs, eux, se débattent avec leurs doutes et leur désillusion. Que faire ? Acheter des testeurs alimentaires ou prier que leur Coca-Cola ne date pas de l’époque des dinosaures ?
Et si l’on se mettait à leur place ? Imaginez une mère de famille, la mine inquiète devant une bouteille de soda, se demandant si elle achète un rafraîchissement ou un poison lent. Pendant ce temps, l’Agasa, avec son zèle sélectif, ferme les yeux et ouvre les bras.
Ce scandale n’est pas qu’une affaire de produits périmés. Il révèle une vérité plus amère : l’érosion de la confiance dans les institutions chargées de protéger les citoyens. Avec des décisions aussi incompréhensibles, l’Agasa pourrait bientôt changer de nom pour devenir l’Agence de la Complicité Alimentaire (ACA).
En attendant, les Gabonais, eux, trinquent. Mais pas avec des sodas. Avec l’amertume de savoir que, dans ce pays, la santé publique est parfois reléguée au second plan, derrière les intérêts d’une poignée d’acteurs puissants. Alors, chers consommateurs, levez vos verres périmés ou non et portons un toast à cette farce institutionnelle, qui nous rappelle une triste réalité : ici, les grands gagnants ne sont jamais ceux qu’on croit.
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