IMG-LOGO
Accueil Article USTM : le temple du savoir transformé en musée de la misère
Société

USTM : le temple du savoir transformé en musée de la misère

IMG La grève bat son plein à l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM)

À l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM), la rentrée 2025-2026 ressemble à un sketch tragico-comique. Ici, l’éducation supérieure a pris des allures de télé-réalité : “Survivor, édition Franceville”. Les étudiants ne viennent plus apprendre, mais survivre. Le savoir se cherche entre deux coupures d’électricité et trois coupures d’eau.

 

Dans le prestigieux bâtiment M, les nouveaux étudiants vivent à douze par chambre. Oui, douze. Serrés comme des sardines dans une boîte qui aurait expiré depuis 2010. Certains dorment debout, d’autres assis, pendant que le reste médite sur la gravité… faute de lits.  « À force de dormir à plusieurs, on finit par apprendre la solidarité, même involontaire », ironise un étudiant, à bout de souffle et de matelas.

 

Le restaurant universitaire, lui, est fermé depuis belle lurette. Le site d’inscription, planté comme un arbre mort, ne répond plus. Quant aux bourses, elles se promènent librement dans le triangle des Bermudes administratives. Autant dire que pour un étudiant de l’USTM, manger est devenu un acte de foi, s’inscrire un acte de courage, et étudier… un acte de résistance.

 

Mais les autorités, elles, trouvent toujours la parade : distribuer des ordinateurs flambant neufs à des jeunes qui n’ont ni toit, ni repas, ni connexion Internet. On dirait un sketch. Donner un ordinateur à un étudiant sans lit, c’est comme offrir une télévision à un village sans électricité. Comme dit le sage du Congo : « Quand la maison brûle, le ministre achète des rideaux. »

 

Pendant que les étudiants s’entassent comme des ballots de manioc, certains responsables universitaires jouent les pompiers pyromanes. On parle de “réformes”, de “plans d’urgence”, de “mesures d’accompagnement”. Traduction : beaucoup de réunions, aucun résultat. Le CNOU, lui, a bien tenté d’héberger les nouveaux. Mais face à l’affluence, il a jeté l’éponge, comme un coq qui aurait essayé de couver un œuf d’autruche.

 

Le plus triste dans tout ça ? L’USTM compte cinq facultés, mais zéro solution durable. À ce rythme, on finira par créer une Faculté de la débrouille et un Master en gestion de la galère quotidienne. On y enseignerait comment survivre avec 0 franc de bourse, 0 repas et 0 mètre carré de logement. Mention “Très Bien” pour ceux qui tiennent un semestre complet sans tomber dans le désespoir.

 

Et pendant que les étudiants crient famine, les décideurs paradent en col blanc, promettant “un avenir radieux” pour la jeunesse. Ah, cet “avenir radieux” ! Il brille tellement qu’on ne le voit jamais venir. “Quand le ventre est vide, même le futur a un goût amer”, disait ma grand-mère.

 

Depuis le 14 octobre, les étudiants ont lancé une grève illimitée. Le mot “illimitée” n’est pas choisi au hasard : c’est celui qui décrit le mieux leur patience, leur colère, et leur lassitude. Ils en appellent désormais au Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, espérant que, cette fois, la voix de la jeunesse ne sera pas classée “sans suite”.

 

Mais connaissant la lenteur administrative, certains étudiants plaisantent déjà :  “D’ici à ce que nos doléances soient entendues, nos enfants seront professeurs à notre place.” Le Gabon aime dire que la jeunesse est “l’avenir de demain”. Sauf qu’à ce rythme, demain risque d’arriver avant les solutions d’aujourd’hui. On veut former des ingénieurs, mais on leur apprend surtout la mécanique du désespoir. “Quand on néglige l’école, c’est le pays tout entier qui redouble”, dit un proverbe fang. Et à l’USTM, on dirait bien que le Gabon a redoublé… pour la dixième fois consécutive.

Partagez:

0 Commentaires


Postez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires