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(Tribune libre) Salaires Publics : L’inévitable ajustement en perspective

IMG L'ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima.

L’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima tire la sonnette d’alarme, si rien n’est fait, dans les mois à venir, le Gabon risque la cessation de paiement. Lecture.

Il y a un an, à la suite de l’annonce du gel des embauches dans la fonction publique, j’avais versé à la réflexion collective un certain nombre d’observations sur l’évolution de la masse salariale de la fonction publique au Gabon.

 

Cette réflexion qui pouvait à l'époque sembler relever de la fiction n'a pas retenu l’attention. Hélas, avec le retournement du marché pétrolier, la situation est désormais en train de se déporter vers un terrain glissant et même tout simplement dangereux à brève échéance. En un mot, la trajectoire de la masse salariale de l’État n’est pas compatible avec ses recettes à court terme.

 

Depuis de nombreuses décennies la masse salariale publique du Gabon s’est placée loin en tête de celle de l’ensemble des autres pays de l’espace CEMAC. C’est dans ce contexte qu’est survenu un retournement brutal des cours du pétrole à partir du mois d’août 2014.

 

A la fin de cette année, lorsque la loi de finances est définitivement votée par le parlement, la dégringolade des prix est encore en cours. Les hypothèses sur lesquelles se fondaient l’équilibre budgétaire en 2015 étaient donc très au-dessus de la réalité des niveaux de prix du pétrole en vigueur sur le marché. La situation a continué à se dégrader en 2016 sans qu’une réaction à la mesure de la diminution des recettes ne soit mise en œuvre sur le poste de dépenses le plus élevé du budget de l’État.

 

Ainsi à partir de 2014, puis en 2015 et 2016, les recettes budgétaires du Gabon se sont fortement contractées. De l’ordre de 46% sur trois ans. La perte a été de presque 1.200 milliards de francs CFA. Toutefois, les économies que cette diminution des recettes appelaient n’ont pas été identifiées.

 

A titre de rappel, la part des salaires dans les ressources budgétaires était, en 2005, comparable au Gabon (16%) et dans la CEMAC (15%). Cinq ans plus tard en 2010, on observait déjà un décrochage dans les dépenses entre le Gabon (22%) et la CEMAC (15%) qui a persisté et s’est amplifié en 2015 avec 40% pour le Gabon et 27% pour l’ensemble de la CEMAC.

Quelles mesures appelle le niveau de la masse salariale par rapport à l’évolution des recettes de l’État ? Telle est en réalité la seule question qui vaille dans la situation où nous nous trouvons .

L’ampleur de l’économie recherchée donne la mesure de la gravité de la situation et des efforts à fournir. Ce qui nous pend au nez, c’est la cessation de paiement à un avenir plus rapproché qu’on ne l’imagineLa BEAC seule et même avec la BDEAC ne seront pas capables de satisfaire les besoins de financement à venir.

La situation des finances publiques appelle un discours public sans démagogie. Elle exige de manière urgente trois choses :


1. Une économie significative sur l’ensemble de la masse salariale ;
2. Une révision de la clef de répartition entre les salaires et les autres dépenses de l’État ;
3. Un accroissement des recettes propres de l’État.

Les mesures de correction qu’exigent le déséquilibre des finances publiques peuvent être une opportunité pour regarder le futur autrement.

En conclusion :

Devant l’extrême urgence le FMI, fait unique dans l’histoire, est venu à notre secours apporter un soutien financier sans condition. Il faut être naïf pour croire que ça va durer. Le déséquilibre apparu étant appelé à se renouveler c’est à la prochaine échéance qu’il nous sera demandé de faire un effort. Il est de très loin préférable que nous gardions l’initiative des efforts à fournir plutôt que de nous les voir imposer.

L’un des points forts des nations qui dirigent le monde, c’est leur démarche méthodique dans la résolution des problèmes auxquels elles sont confrontées.

Elles s’obligent toujours, dans un premier temps, à cerner le problème qui se pose pour en comprendre les contours et les implications. Elles se penchent ensuite sur les solutions envisageables. Ce n’est qu’après ces deux étapes qu’elles s’investissent dans les modalités pratiques de mise en œuvre des solutions retenues.

Quand on regarde la gestion de la crise sanitaire actuelle en Amérique du nord, en Asie et en Europe, on voit bien que pendant qu’une partie du corps médical s’y active à endiguer la pandémie, une autre cherche déjà la solution à moyen et long terme. Tandis que certains s’occupent de l’immédiat, d’autres travaillent aux conditions de sortie, au retour à la norme.

Or la tentation chez nous est de se précipiter sur des solutions immédiates qui sont par la suite rapidement débordées. La rigueur méthodologique nous fait défaut. Le paraitre immédiat prend toujours systématiquement le dessus et nous expose à une improvisation compréhensible et pardonnable dans les premiers instants, inacceptable et inexcusable par la suite dès lors que la réflexion ne vient pas en relais.

Dans tous les cas, l’économie qui vient demain, ne sera pas celle qui était là hier. Il est urgent d'en discuter les contours.

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